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Amour endormi

Amour endormi.
Amour endormi.

Amour endormi est un tableau de Caravage peint en 1608 à Malte. Il représente le personnage mythologique de Cupidon alias Amour, plongé dans un profond sommeil et dont le corps vivement éclairé se détache sur un fond très sombre. Contrairement à un autre tableau de Caravage intitulé L'Amour vainqueur (Amor Vincit Omnia) et réalisé environ six ans plus tôt autour d'un thème semblable, cette fois l'Amour n'a plus cet aspect triomphant propre à la fougue juvénile, mais témoigne plutôt d'un apaisement complet des passions. Le tableau est réalisé en 1608, c'est-à-dire au moment où le peintre lombard vit en exil à Malte après avoir dû fuir Rome plusieurs années auparavant sous le coup d'une condamnation à mort pour assassinat.

C'est la dernière œuvre de la carrière de Caravage abordant un thème mythologique. Elle est destinée à l'un des frères chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte, Francesco dell'Antella, peut-être en remerciement de ses manœuvres diplomatiques pour obtenir à Caravage le pardon papal lui permettant de retourner à Rome. Le tableau entre ensuite dans la collection d'art de la famille Médicis dès la fin du XVIIe siècle, pour y rester depuis lors ; il est toujours conservé de nos jours au palais Pitti de Florence, où il est exposé sous son titre italien Amorino dormiente.

La critique de l'amateur d'art européen du XVIIe siècle est enthousiaste devant la remarquable beauté du personnage. Le regard du spectateur moderne sur cette œuvre est différent ; certains historiens de l’art y voient un enfant à la posture étrange et à l'aspect souffreteux, au point même que des chercheurs en médecine débattent de la maladie dont il pourrait souffrir.

Bacchus (Le Caravage)

Bacchus par Le Caravage.
Bacchus par Le Caravage.

Bacchus est un tableau de Caravage conservé à la galerie des Offices de Florence. Il a été peint à la fin du XVIe siècle, mais les experts sont partagés sur sa date précise ; il n'est pas non plus possible d'identifier un commanditaire certain, même s'il est établi que le tableau se retrouve rapidement dans la collection de la famille Médicis, où il est répertorié à partir de 1618. Une hypothèse courante consiste à penser que le premier commanditaire serait le cardinal del Monte, protecteur et mécène de Caravage, qui l'offrirait ensuite au grand-duc de Toscane Ferdinand Ier de Médicis. Dès lors, le tableau reste dans la collection Médicis jusqu'à son passage dans le fonds du musée des Offices. Longtemps oublié et presque abandonné dans les réserves du musée, il est retrouvé au début du XXe siècle puis identifié comme étant de la main de Caravage, essentiellement grâce à l'expertise de deux historiens de l'art italiens : Matteo Marangoni et Roberto Longhi. C'est aujourd'hui l'une des toiles les plus célèbres du peintre lombard ; elle appartient à une série d’œuvres qui traitent de sujets assez similaires et qui emploient le même type de modèle.

La toile semble représenter le dieu romain Bacchus en position semi-allongée, un verre de vin à la main tendu vers le spectateur comme une offrande, un plateau de fruits devant lui et la tête couronnée de feuilles de vigne. Plusieurs détails montrent qu'en réalité, le peintre ne représente pas directement le dieu mais un jeune homme déguisé en Bacchus. Il existe de nombreux débats d'experts pour déterminer la part du portrait ou de l'autoportrait dans cette œuvre, mais un relatif consensus s'établit désormais pour identifier le modèle comme étant Mario Minniti, un ami proche de Caravage, ce qui exclurait donc l'hypothèse du véritable autoportrait.

Il s'agit de l'une des deux représentations connues de Bacchus par Caravage, l'autre étant Le Jeune Bacchus malade ; l'une comme l'autre datent de sa période romaine, lorsqu'il est encore très jeune et qu'il travaille auprès du cardinal del Monte. Le Bacchus des Offices est donc une œuvre assez précoce dans la carrière du peintre, mais elle présente déjà des caractéristiques techniques remarquables et montre que le jeune artiste a beaucoup avancé dans sa maîtrise de la composition comme de la couleur, dans le droit fil de ses prédécesseurs lombards. Deux motifs importants pour Caravage y apparaissent : celui de la nature morte, dont il est l'un des précurseurs, et celui de l'autoportrait. Le tableau oscille entre la scène naturaliste et l'allégorie, qui souligne le passage du temps et l'évanescence des plaisirs sensuels.

Méduse (Le Caravage)

La première Méduse
La première Méduse

Méduse (ou Medusa dans sa version italienne d'origine) est le titre donné à deux peintures à l'huile sur toile de lin du peintre lombard Caravage, l'une exécutée vers 1597, puis en 1597 ou 1598 pour la seconde version. Ces œuvres sont montées sur des boucliers de parade en bois de peuplier.

La seconde version, qui est la plus connue et la seule exposée publiquement, est conservée au musée des Offices à Florence, en Italie ; commandée par le cardinal Del Monte, elle était destinée au grand-duc de Toscane Ferdinand Ier de Médicis. L'authenticité et l'antériorité de l'autre version, dite « Méduse Murtola », dont le destinataire initial est inconnu et qui est désormais dans une collection privée, ne sont établies qu'au début du XXIe siècle grâce au progrès des analyses scientifiques et notamment des techniques d'imagerie.

Cette œuvre très célèbre est remarquable à la fois par le traitement du sujet et la force d'expression dont elle témoigne, mais aussi par la technicité qu'exige la réalisation d'un portrait sur la surface convexe d'un bouclier — ainsi que sa copie à l'identique sur un second bouclier de plus grandes dimensions. À travers le thème mythologique classique de Méduse décapitée par Persée, et sans doute sous l'influence du cardinal Del Monte, son mécène et protecteur, Caravage explore des sujets qui sont révélateurs de l'esprit et de la culture du XVIe siècle.

Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage, Florence)

Le Sacrifice d'Isaac.
Le Sacrifice d'Isaac.

Le Sacrifice d'Isaac est un tableau de Caravage conservé à la galerie des Offices de Florence. Il représente un épisode biblique tiré de la Genèse, au cours duquel le patriarche Abraham s'apprête à sacrifier son propre fils Isaac afin d'obéir à l'injonction de Dieu ; mais un ange arrête son geste juste à temps. La scène est représentée à l'extérieur ; il s'agit de l'un des rares paysages peints par Caravage, et c'est d'ailleurs le dernier qu'il représente alors qu'il s'apprête à orienter son style vers des traitements plus sombres et intimistes. Bien que le thème soit déjà bien connu, certains aspects de son traitement pictural offrent une perspective inédite : en particulier, les attitudes du patriarche et de son fils sont tout à fait inhabituelles par rapport à l'iconographie religieuse de l'époque.

Le tableau est une commande du cardinal Maffeo Barberini, qui devient plus tard pape sous le nom d'Urbain VIII. Il s'agit d'une des nombreuses commandes de tableaux religieux que passent à cette époque de prestigieux commanditaires, avides d'obtenir une œuvre du peintre lombard dont la célébrité est devenue considérable à Rome au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Toutefois, Le Sacrifice présente de nombreux éléments stylistiques et thématiques qui le distinguent nettement des autres tableaux de chevalet que Caravage produit alors : ces particularités en compliquent la datation précise, qui s'étend selon les auteurs de 1597 à 1603, cette dernière date étant la plus couramment retenue. Après avoir été transmis au fil des siècles au gré des collections de la famille Barberini et de sa branche « Sciarra » en particulier, le tableau est finalement confié en 1917 aux Offices de Florence, où il est conservé depuis.

Une autre version de ce même thème apparaît dans un autre tableau qui appartient à une collection particulière à Princeton (États-Unis) ; toutefois, son attribution à Caravage est loin de faire l'unanimité parmi les historiens de l'art.