Wikipédia:Sélection/Âge des Vikings

Éric Håkonsson

Éric Håkonsson (Eiríkr Hákonarson en vieux norrois), né vers 963 et décédé vers 1024, était un jarl norvégien. Jarl de Lade (dans le Trøndelag actuel), il gouverne la Norvège de 1000 à 1015. Il a notamment participé aux batailles du détroit de Hjörung et de Svolder, ainsi qu’à la conquête de l’Angleterre par Knut le Grand.

Éric est le fils de Håkon Sigurdsson, jarl de Lade. Sa famille paternelle, établie de longue date dans le Trøndelag, est, à cette époque, farouchement opposée au pouvoir des rois de Norvège, et n’hésite pas à faire alliance avec les Danois pour préserver son indépendance. Son père meurt en 995, en fuite après sa défaite face à Olaf Tryggvason, qui se proclame roi de Norvège. Éric lui succède en tant que jarl de Lade, mais doit fuir à l’étranger.

En l’an 1000, allié au roi Sven de Danemark, il défait Olaf Tryggvason à la bataille de Svolder. Le Trøndelag retrouve ainsi un semblant d’autonomie et le jarl Éric gouverne, aux côtés de son frère Svein Håkonsson, la Norvège pour le compte du roi Sven, dont il a épousé une fille, Gyða. En 1015, il laisse le gouvernement de la Norvège à Svein et participe à la conquête danoise de l’Angleterre aux côtés de Knut le Grand. Après la victoire de Knut en 1016, il obtient le titre de comte de Northumbrie. Il meurt probablement autour de 1024. Treize ans plus tard, son fils, Håkon Eiriksson, règne également sur la Norvège.

Bataille de Svolder

Peinture représentant un drakkar.
La bataille de Svolder par Otto Sinding.

La bataille de Svolder, ou bataille de Swold, est une bataille navale qui s'est déroulée en l'an 999 ou 1000 dans la mer Baltique, opposant le roi de Norvège Olaf Tryggvason à une alliance de ses ennemis. Les enjeux de la bataille concernent le processus d'unification de la Norvège en un État unique, la volonté de longue date des Danois de contrôler le pays et la diffusion du christianisme en Scandinavie.

L'emplacement de la bataille n'est pas clairement établi, notamment du fait de la profonde modification des côtes de la Baltique au cours des siècles ; les historiens la situent généralement soit dans l'Øresund, soit près de l'île de Rügen.

En expédition sur les côtes sud de la Baltique, Olaf, le roi de Novège, tombe dans une embuscade tendue par une alliance composée du roi de Danemark Sven à la Barbe Fourchue, du roi de Suède Olof Skötkonung et du Norvégien Éric Håkonsson, jarl de Lade. Pris par surprise, Olaf doit affronter une force largement supérieure d'au moins 70 navires avec seulement 11 navires. Arrimés les uns aux autres en une formation défensive, ses navires sont capturés l'un après l'autre jusqu'à la prise de son navire amiral, le Grand Serpent (Ormen Lange, en vieux norrois), par le jarl Éric. Olaf se jette alors à la mer, mettant fin aux combats. Après la bataille, la Norvège est confiée à la gestion des jarls de Lade, en tant que fief des rois de Danemark et de Suède.

Les écrits les plus détaillés sur l'événement, les sagas royales, sont rédigés environ deux siècles après son déroulement. Historiquement peu fiables, elles offrent un récit littéraire détaillé de la bataille et des événements qui l'ont entraînée. Les sagas attribuent les causes de la bataille à la proposition malheureuse de mariage d'Olaf Tryggvason à Sigrid Storråda et à son mariage problématique avec Tyra, la sœur de Sven de Danemark. Au début de la bataille, Olaf est mis en scène injuriant les flottes danoises et suédoises à coup de bravades et d'insultes ethniques, tandis qu'il reconnaît qu'Éric Håkonsson et ses hommes sont dangereux, étant norvégiens comme lui. L'épisode le plus connu de la bataille est le bris de l'arc d'Einarr Þambarskelfir, qui annonce la défaite d'Olaf.

Dans les siècles qui suivent, la description de la bataille faite par les sagas, notamment par la Heimskringla de Snorri Sturluson, inspire de nombreuses œuvres littéraires. Magnifié par ces récits, le roi Olaf devient un personnage mythique de la littérature nordique.

Birka et Hovgården

Le fort de Birka vu depuis l'ouest. On distingue nettement la falaise au premier plan et les ruines du rempart semi-circulaire.
Le fort de Birka vu depuis l'ouest. On distingue nettement la falaise au premier plan et les ruines du rempart semi-circulaire.

Birka et Hovgården sont deux sites de Suède formant un ensemble archéologique de l'âge des Vikings inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, situés respectivement sur les îles de Björkö et Adelsö sur le lac Mälar, à environ 30 km de Stockholm.

Birka fut fondée au milieu du VIIIe siècle. À cette époque, le lac Mälar était une baie de la mer Baltique, le niveau de la mer étant 5 m au-dessus du niveau actuel du lac. Birka était alors une position stratégique, protégée par le dédale d'îles et écueils, et à la croisée de plusieurs routes maritimes importantes. Elle devint une plaque tournante du commerce en Suède, éclipsant le site plus ancien de Helgö et se développant à une échelle bien supérieure, atteignant une population estimée entre 700 et 1 000 habitants à son apogée. Le site de Birka regroupait de nombreux artisans, utilisant des matières premières diverses en provenance des territoires scandinaves tels que l'ambre, le fer du Bergslagen, les fourrures et duvets, les bois et ivoire, etc. Les produits transformés étaient ensuite vendus aux fermes de la région mais surtout à l'étranger en échange de produits de luxe, tels que de la céramique, de la soie et broderies fines et de l'argent. Au début l'essentiel du commerce se faisait avec l'Europe de l'Ouest, mais avec l'expansion vers l'est des Varègues et le développement des routes commerciales de la Volga et du Dniepr, le commerce se recentra à partir de la fin du IXe siècle sur l'Orient et en particulier le monde musulman.

Il est probable que Birka jouissait d'un statut spécial garanti par le roi de Suède ou un roi local qui, entre autres, lui donnait son propre conseil (Thing) dirigé par un préfet et offrait protection à tous ses habitants, même étrangers. Ainsi, par sa taille et ce statut particulier, Birka peut être considérée comme la première ville de Suède, et est souvent qualifiée de proto-ville. Faisant face à Birka et fondé en même temps, se trouvait le domaine royal de Hovgården. Il s'agissait de la résidence du roi (ou de l'un des rois) de Suède, ainsi que le site du conseil. Il est possible que Birka et Hovgården aient été au moins partiellement en conflit avec les pouvoirs religieux et politique de Gamla Uppsala. C'est peut-être d'ailleurs dans le cadre de ce conflit qu'eut lieu dans les années 840 l'attaque de Anund II d'Upsal sur Birka.

Birka fut l'une des principales destinations des missionnaires chrétiens pour évangéliser la Suède. En particulier, les missions de l'archevêque Anschaire de Brême en 829 et en 852 ou 853 furent documentées dans Vita Anskarii, qui est notre seule source contemporaine sur la vie de Birka. Si les missionnaires parvinrent à construire une église et à convertir plusieurs personnes, y compris le préfet de la ville, l'opposition de la religion nordique était très forte, et des missionnaires furent même assassinés.

La proto-ville fut abandonnée brutalement autour de l'an 970, et son rôle et sa population furent probablement transférés vers Sigtuna, fondée à la même époque. Les causes de cet abandon ne sont pas entièrement connues, mais il s'agit probablement d'une combinaison de facteurs tels que la fermeture du lac Mälar, l'interruption du commerce avec l'Est dû à des conflits, et enfin une bataille qui, à cette époque, détruisit une partie de la ville. Hovgården semble avoir cependant conservé son statut de domaine royal et, dans les années 1270, un palais y fut même construit, utilisé comme résidence estivale par le roi. Ce palais fut détruit à la fin du XIVe siècle...

Colonisation de l'Islande

Islandia (carte de l'Islande), Abraham Ortelius, v. 1590.
Islandia (carte de l'Islande), Abraham Ortelius, v. 1590.

La colonisation de l'Islande (en islandais : Landnámsöld, littéralement « âge de la colonisation ») est la période de l'histoire de l'Islande se déroulant entre 870 et 930 durant laquelle l'île, jusque-là inhabitée, est peuplée par les Scandinaves dans le cadre de l'expansion territoriale survenue durant l'âge des Vikings et les premières structures gouvernementales créées jusqu'à la fondation en 930 de l'État libre islandais. L'histoire de la colonisation nous est connue principalement par le « Livre de la colonisation » (Landnámabók) et le « Livre des Islandais » (Íslendingabók), ainsi que par les sagas des Islandais. Cependant ces textes écrits seulement à partir du XIIe siècle ont une fiabilité douteuse et l'archéologie est indispensable afin de vérifier les faits racontés dans ces écrits.

Au IVe siècle av. J.-C., le navigateur grec Pythéas mentionne une terre nommée Thulé, qui sera citée par d'autres auteurs de l'Antiquité et du Moyen Âge. Néanmoins, il s'agissait a priori plutôt de la côte norvégienne. Le premier à mentionner une terre étant vraisemblablement l'Islande est l'Irlandais Dicuil vers apr. J.-C., qui parle d'une terre au nord où des moines auraient séjourné. Vers 860, des marins scandinaves découvrent l'Islande habitée par quelques moines irlandais, les papar, ce qui concorde avec le récit de Dicuil. Le premier résident permanent scandinave de l'île est, d'après la légende, Ingólfr Arnarson, qui s'installe à Reykjavik vers 874. S'ensuivent soixante ans durant lesquels des Vikings venus de Norvège principalement, accompagnés de leurs familles et de leurs serviteurs, colonisent l'île. En l'an 930, un parlement commun à toute l'île est fondé, l'Althing : c'est le début de l'État libre islandais.

Les colons, principalement originaires de l'Ouest de la Norvège, s'installent sur la côte, les plaines et les vallées fluviales, dans des fermes isolées, où ils vivent selon les mœurs vikings : ils ne possèdent pas de gouvernement centralisé mais se réunissent dans des things locaux où les hommes libres peuvent exposer librement leur opinion. Bénéficiant de conditions favorables à l'époque sur l'île, qui se dégraderont par la suite à cause de l'exploitation des ressources, leur économie repose sur la chasse, la pêche et l'élevage.

Olaf Gothfrithson

Une mention d'Olaf, appelé Anlafus rex Hẏberniæ (« Olaf roi d'Irlande ») dans la Chronique de Melrose (MS Cotton Faustina B ix).
Une mention d'Olaf, appelé Anlafus rex Hẏberniæ (« Olaf roi d'Irlande ») dans la Chronique de Melrose (MS Cotton Faustina B ix).

Olaf Gothfrithson (Óláfr Guðrøðarson en vieux norrois, Amlaíb mac Gofraid en vieil irlandais, Ánláf en vieil anglais) est un roi viking actif dans les îles Britanniques dans la première moitié du Xe siècle. Il règne sur Dublin de 934 à 939, puis sur York de 939 jusqu'à sa mort, en 941.

Fils du roi de Dublin Gothfrith, Olaf appartient aux Uí Ímair, la dynastie des descendants d'Ivar. Il succède à son père à sa mort. En 937, il étend son autorité sur les Vikings de Limerick en s'emparant de leur roi Amlaíb Cenncairech. La même année, il s'allie avec le roi écossais Constantin II contre le roi anglais Æthelstan en vue de reconquérir le royaume viking d'York, sur lequel son père a brièvement régné en 927. Leur campagne se termine par une défaite à la bataille de Brunanburh.

En 939, Olaf profite de la mort d'Æthelstan pour retraverser la mer d'Irlande et s'établir comme roi à York, laissant le royaume de Dublin à son frère Blácaire. Lors d'une rencontre à Leicester, il conclut un accord avec Edmond, le successeur d'Æthelstan, concernant la division de l'Angleterre. Les Vikings ne tardent pas à rompre cet accord en occupant la région des Cinq Bourgs, un événement qui prend peut-être place après la mort d'Olaf en 941. Son cousin Olaf Kvaran lui succède à York.

Vatnahverfi

Panorama de terres agricoles à Vatnahverfi.
Panorama de terres agricoles à Vatnahverfi.

Vatnahverfi, actuellement connu sous les noms de Tasikuluulik ou Qeqertaasaq en langue groenlandaise, est une ancienne colonie viking située dans l'Établissement de l'Est. Le nom de Vatnahverfi peut être approximativement traduit par « District des lacs ».

Le territoire de Vatnahverfi se découpe sous la forme d'une péninsule recouvrant une superficie supérieure à 500 km2 dont le centre est distant d'environ 150 km de l'extrémité sud du Groenland et de 500 km du fjord de Nuuk.

Quelques traces matérielles montrent que Vatnahverfi aurait été occupé par des peuples de la culture de Dorset. Durant la période viking, la colonie aurait probablement été un établissement disposant de terres pastorales et de fermes « riches et productives ». Les Vikings s'installent à Vatnahverfi vers la fin du Xe siècle et y pratiquent l'agriculture pendant près de 500 ans avant qu'ils ne disparaissent du district et de l'ensemble du Groenland, probablement au début du troisième quart du XVe siècle, vers l'an 1450, selon les sources écrites issues du Grœnlendinga saga — néanmoins les datations au carbone 14 effectuées sur des ruines groenlandaises mettent en évidence que l'île n'a été abandonnée par le peuple nordique qu'à la fin du XVe siècle, soit cinquante ans après la date indiquée par cette source littéraire norroise. L'ancien district de Vatnahverfi est également mentionné dans le Landnámabók (« Le Livre de la colonisation ») et la Saga d'Erik le Rouge. Bien que plusieurs hypothèses concernant la disparition des Vikings aient été suggérées, celle-ci reste inexpliquée. Elle est suivie de l'occupation du territoire par les peuples thuléens. Plusieurs expéditions sont menées au cours du XVIIIe siècle et la première campagne de fouilles est opérée durant la première moitié du XIXe siècle.

Pendant la première moitié des années 2010, un total de 124 sites archéologiques, prospectés, excavés, fouillés et comprenant chacun plusieurs vestiges de bâtiments, ont été inventoriés sur ce territoire. Les ruines mises au jour sont essentiellement des structures d'époque viking — shielings, église et cairns —, quelques vestiges d'époque thuléenne (sépulture et tente) ayant été également retrouvés. Les vestiges ont livré un mobilier essentiellement composé d'objet runiques, de vaissellerie, de pièces utilisées pour le tissage ainsi que de pièces employées pour les transports terrestres et maritimes. De nombreux écofacts (fauniques et palynologiques) ont été recueillis sur le territoire de Vatnahverfi, les restes végétaux ayant permis de dater les phases successives de trois sites archéologiques.

En 2017, une partie des terres de Vatnahverfi (environ 75,5 km2) sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ce territoire est l'une des cinq composantes du bien patrimonial intitulé « Kujataa au Groenland : agriculture nordique et inuite en bordure de la calotte glaciaire ».

Íslendingabók

Première page de la copie B de Jón Erlendsson (1651).
Première page de la copie B de Jón Erlendsson (1651).

L'Íslendingabók (en latin : Libellus Islandorum - littéralement « Livre des Islandais ») est une œuvre littéraire islandaise du XIIe siècle, écrite par Ari Þorgilsson, prêtre et historien. Son ouvrage traite du début de l'histoire de l'Islande, de la colonisation au début du XIIe siècle. D'un style prosaïque et extrêmement concis, le texte est écrit en langue vernaculaire, le vieux norrois.

Organisé en dix chapitres, l'Íslendingabók accorde une place importante à la christianisation de l'Islande et au développement de l'Église dans le pays. Le récit constitue également un « mythe des origines » pour les Islandais, en soulignant leur origine norvégienne.

Bien qu'Ari ait écrit de nombreux autres ouvrages, l'Íslendingabók est celui qui l'a rendu célèbre, ses autres œuvres étant pour la plupart perdues. Le Livre des Islandais lui-même tel que nous le connaissons n'est qu'une deuxième version postérieure de quelques années à l'œuvre originale, perdue.

Ouvrage fondateur de la littérature islandaise, qui inspira les sagas, il est également une source d'informations très précieuses sur l'histoire du pays.

Sigyn

Loki et Sigyn (1863), de Mårten Eskil Winge.
Loki et Sigyn (1863), de Mårten Eskil Winge.

Sigyn est, dans la mythologie nordique, une déesse, femme de Loki et mère de Nari ou Narfi. Elle est mentionnée brièvement dans les sources islandaises : l'Edda Poétique, compilée au XIIIe siècle à partir de sources plus anciennes, et l'Edda de Snorri, écrite au XIIIe siècle. Sigyn n'est associée qu'au seul mythe du châtiment de Loki où, en femme fidèle, elle récupère dans un récipient le venin de serpent qui goutte sur le visage de son mari enchaîné, dans le but d'alléger ses souffrances.

Sigyn est représentée sur la croix de Gosforth, datée du Xe siècle, et sa plus ancienne mention provient du poème scaldique Haustlǫng, du IXe siècle, et préservé dans l'Edda de Snorri, ce qui suggère qu'il s'agit d'une déesse germanique ancienne, et non d'une création récente.

Vidar

Vidar combat Fenrir. Illustration de W. G. Collingwood (1908).
Vidar combat Fenrir. Illustration de W. G. Collingwood (1908).

Dans la mythologie nordique, Vidar (en vieux norrois : Víðarr) est le dieu Ase de la forêt, de la vengeance et du silence (il est surnommé l'« Ase silencieux »). Il est le fils d'Odin et de la géante Gríðr. Vidar est l'un des dieux les plus puissants après Thor. Bien qu'il soit discret dans les mythes, il tient un rôle capital le jour de la bataille prophétique du Ragnarök, où il venge la mort de son père Odin en transperçant de son épée le cœur du loup Fenrir ou en lui arrachant la mâchoire à l'aide de ses chaussures magiques. Il survit à cette fin du monde et, avec un nombre réduit d'autres dieux rescapés de la catastrophe, il participe au renouveau de l'Univers.

Le rôle discret de Vidar dans les textes laisse peu de possibilités à l'étude de sa symbolique. Toutefois, des spécialistes ont rapproché son silence des abstinences rituelles connues dans diverses sociétés, surtout les abstinences liées aux actes de vengeance, qui trouvent un écho également chez un autre dieu nordique, Vali, auquel il est lié. Certains spécialistes ont vu en Vidar un rôle cosmique, ce qui a suscité des comparaisons avec d'autres personnages de mythologies indo-européennes.