Wikipédia:Sélection/Histoire des sciences


Anaximandre

Représentation hypothétique d'Anaximandre (détail de l'Ecole d'Athènes, fresque de Raphaël).
Représentation hypothétique d'Anaximandre (détail de l'Ecole d'Athènes, fresque de Raphaël).

Anaximandre de Milet (en grec ancien Ἀναξίμανδρος / Anaxímandros) (610 av. J.-C. – vers 546 av. J.-C.) est un philosophe grec présocratique. Il succéda à Thalès comme maître de l'école milésienne, et compta Anaximène et Pythagore parmi ses élèves.

Anaximandre passe pour premier philosophe à avoir consigné ses travaux par écrit. Seul un fragment est parvenu jusqu'à nous, mais les témoignages antiques permettent de se faire une idée de leur nature et de leur étendue, qui couvre la philosophie, l'astronomie, la physique, la géométrie mais aussi la géographie.

Strabon et Agathémère, deux géographes grecs très postérieurs à Anaximandre, affirment au début de leurs ouvrages sur la géographie que, selon Ératosthène, Anaximandre avait été la première personne à publier une carte du monde. Le cratère lunaire Anaximandre fut nommé en son honneur.

Sadi Carnot (physicien)

Nicolas Léonard Sadi Carnot (né le et mort le ), usuellement appelé Sadi Carnot, est un physicien et ingénieur français.

À l’instar de Copernic, il ne publia qu’un seul livre, les Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance (Paris, 1824), dans lequel il exprima, à l’âge de 27 ans, ce qui s’avéra être le travail de sa vie.

Dans cet ouvrage il posa les bases d’une discipline entièrement nouvelle, la thermodynamique. À l’époque d’ailleurs, le terme n’existait pas et c’est William Thomson qui l’inventa au milieu du XIXe siècle. Pourtant c’est bien Sadi Carnot, malgré l’imprécision de certains de ses concepts, son acceptation de la théorie du calorique et de l'axiome de la conservation de la chaleur, qui a créé cette science aussi fondamentale du point de vue théorique que féconde en applications pratiques. Il formula l’exposé raisonné du moteur thermique et les principes de bases selon lesquels toute centrale énergétique, toute automobile, tout moteur à réaction est aujourd’hui conçu.

Plus remarquable, cette genèse se fit alors même qu’aucun prédécesseur n’eût encore défini la nature et l’étendue du sujet. En s'appuyant sur des préoccupations purement techniciennes, comme l'amélioration des performances de la machine à vapeur, le cheminement intellectuel de Sadi Carnot est original et annonce des évolutions importantes qui intervinrent à cette époque charnière pour la science moderne.


Théâtre anatomique

Gravure de 1612 représentant le théâtre anatomique de Leyde avec des squelettes humains et animaux dans les gradins prévus pour le public.
Gravure de 1612 représentant le théâtre anatomique de Leyde avec des squelettes humains et animaux dans les gradins prévus pour le public.

Pour l'histoire de l'anatomie, un théâtre anatomique est un édifice spécialisé où l'on procédait à des dissections anatomiques en public durant les Temps modernes et au début de l'Époque contemporaine en Occident.

Apparus en Europe du Sud avec le XVIe siècle, soit environ deux cents ans après la résurgence historique de la dissection humaine à vocation scientifique, disparue depuis l'Antiquité grecque, les théâtres anatomiques demeurèrent des structures démontables jusqu'à ce que fussent érigées les premières installations permanentes à Salamanque au début des années 1550, dans d'autres villes espagnoles durant les années qui suivirent, puis surtout à Padoue en 1584.

La plupart du temps, ils étaient conçus sous la forme d'amphithéâtres en bois au centre desquels le cadavre à étudier était placé sur une table de dissection, l'anatomiste conduisant la leçon à proximité, éventuellement installé sur une chaire. Par conséquent, et en plus de parler aussi de « théâtre d'anatomie » ou de « theatrum anatomicum », on emploie souvent les termes « amphithéâtre anatomique » ou « amphithéâtre d'anatomie » pour désigner ces ensembles imposants qui, en ménageant pour l'assistance des gradins concentriques, manifestaient par leur architecture le triomphe du regard en tant que nouveau moyen privilégié d'accéder à la connaissance anatomique, en sus des traités spécialisés jusqu'alors sollicités.

Ainsi disposés, les théâtres anatomiques attirèrent bien au-delà des seuls médecins et étudiants en médecine à qui ces structures d'enseignement universitaire étaient principalement destinées : ils accueillirent de nombreux curieux issus de milieux sociaux variés et donnèrent lieu ce faisant, selon toute vraisemblance, à l'invention de la place de spectacle payante. Rituels sacrés célébrant l'habileté de Dieu en tant que Créateur, les dissections publiques y devinrent dès lors de véritables divertissements mondains, des fêtes inscrites au calendrier des réjouissances proposées par la ville. Mais après avoir vu leur attrait culminer aux XVIIe et XVIIIe siècles, elles perdirent rapidement de leur intérêt au début du XIXe du fait d'une conjonction de facteurs. Ce mouvement entraîna la disparition ou la reconversion des structures dédiées ainsi que la clôture d'un chapitre désormais méconnu de l'histoire de l'architecture, de la médecine et de la scène.

Joseph Priestley

Portrait de Priestley par Ozias Humphrey, The Chemists’ Club Collection, Chemical Heritage Foundation Collections.
Portrait de Priestley par Ozias Humphrey, The Chemists’ Club Collection, Chemical Heritage Foundation Collections.

Joseph Priestley ( à Birstall, West Yorkshire à Northumberland, Pennsylvanie) est un théologien, prêtre dissident, philosophe naturel, pédagogue et théoricien de la politique britannique qui publia plus de cent cinquante ouvrages. Connu pour ses travaux de chimiste et de physicien, on lui attribue généralement la découverte de l’oxygène qu’il a isolé dans son état gazeux, bien que Carl Wilhelm Scheele et Antoine Lavoisier en aient également revendiqué la paternité.

De son vivant, la réputation scientifique de Priestley résulte de sa « découverte » de l’eau gazeuse, de ses traités sur l’électricité et de ses études sur les différents « airs » (gaz), le plus connu étant celui qu’il baptise « l’air déphlogistiqué » (oxygène). Cependant, sa détermination à défendre la théorie phlogistique et son rejet des concepts qui vont conduire à la révolution chimique l’ont isolé au sein de la communauté des savants.

Les recherches scientifiques de Priestley sont intimement liées à sa réflexion théologique et, de manière constante, il s’efforce de proposer une synthèse entre le rationalisme des Lumières et le théisme chrétien. Dans ses textes métaphysiques, il tente de rendre compatibles théisme, matérialisme et déterminisme, projet jugé « audacieux et original ». Il pense qu’une bonne compréhension du monde naturel fera progresser l’être humain et finira par entraîner l’avènement du millénarisme. Fervent partisan d’un libre échange d’idées, il plaide en faveur de la tolérance religieuse et de l’égalité des droits pour les dissidents religieux, ce qui le conduit à apporter son soutien à la fondation de l’unitarisme en Angleterre. La nature controversée de ses publications, tout autant que son net soutien à la Révolution française lui valent d’éveiller la méfiance du public et du gouvernement. Il est finalement contraint de se réfugier aux États-Unis après l’incendie de sa maison et de son église, par des émeutiers, en 1791.

Chercheur et enseignant tout au long de son existence, Priestley contribue également au développement de la pédagogie, notamment par la publication d’un ouvrage sur la grammaire anglaise et l’invention de l’historiographie moderne. Ces écrits sur l’éducation sont parmi ses œuvres les plus populaires. Cependant, ce sont ses travaux métaphysiques qui connaissent l’influence la plus durable : des philosophes de renom, tels Jeremy Bentham, John Stuart Mill et Herbert Spencer, les citent comme références principales de l’utilitarisme.

Théorie des équations (histoire des sciences)

La théorie des équations est un ensemble de travaux ayant pour objectif premier la résolution d’équations polynomiales ou équivalentes. Une telle équation s’écrit de la manière suivante :

X désigne l’inconnue.

La « théorie des équations » est une expression utilisée en histoire des sciences.

L’étude de ce type de questions remonte aux premiers textes mathématiques connus. Une première approche permet de résoudre l’équation dans le cas où le degré du polynôme est strictement plus petit que cinq. C'est durant la Renaissance et avec l'étude des équations cubiques que de nouveaux nombres sont utilisés. Ils sont qualifiés initialement d’imaginaires puis de nombres complexes. Ce n'est que plus tard que ceux-ci interviennent comme solutions d’équations de degré deux.

À partir de l'époque moderne, le polynôme est aussi considéré comme une fonction. Cette approche offre des méthodes pour déterminer le nombre de racines réelles, pour localiser les racines (c’est-à-dire trouver des régions où elles se trouvent) et pour fournir des méthodes d’approximations aussi précises que souhaité. L’un de ses achèvements est le théorème de d'Alembert-Gauss, qui indique qu’une fonction polynomiale non constante admet au moins une racine dans les nombres complexes.

Un point de vue du XIXe siècle consiste à étudier le plus petit ensemble de nombres, stable pour les quatre opérations et qui contienne à la fois coefficients et racines d'une équation donnée. Cette approche entre dans la théorie dite de Galois. Elle offre une condition nécessaire et suffisante pour savoir si une équation polynomiale se résout par les techniques décrites par la première approche, dans le cas contraire l’on doit se limiter à des approximations issues de l’analyse. Jusqu’au XIXe siècle, la théorie des équations se confond avec l’algèbre. Puis, à la suite de la théorie de Galois principalement, l’algèbre s’élargit pour prendre en compte de nouvelles questions. Cette théorie est à l’origine de vastes domaines mathématiques, comme la théorie des groupes, celle des anneaux ou encore la géométrie algébrique.

Histoire de la relativité restreinte

Albert Einstein vers 1905.
Albert Einstein vers 1905.

L'histoire de la relativité restreinte décrit le développement de propositions et constatations empiriques et conceptuelles, au sein de la physique théorique, qui ont permis d'aboutir à une nouvelle compréhension de l'espace et du temps. Cette théorie, nommée « relativité restreinte », se distingue des travaux ultérieurs d'Einstein, appelés « relativité générale ».

Dans ses Principia Mathematica publiés pour la première fois en 1687, qui influencent durablement la physique pendant 200 ans, Isaac Newton postule les notions d'espace et de temps absolus et pose la théorie corpusculaire de la lumière. Par la suite, des expériences démontrent que le modèle newtonien ne peut expliquer des phénomènes liés à la nature ondulatoire de la lumière.

En 1864, James Clerk Maxwell publie ses équations qui permettent « d'unifier en une même théorie l'électricité, le magnétisme et l'optique », c'est l'électrodynamique classique. En 1895, Hendrik Antoon Lorentz propose sa transformation pour expliquer la contraction des champs électrostatiques. L'« électrodynamique de Maxwell-Lorentz » avance notamment que la masse des électrons augmente lorsqu'ils sont en mouvement. De plus, ses travaux théoriques permettent d'expliquer les résultats de l'expérience de Michelson-Morley, qui n'a pu démontrer l'existence de l'éther. En 1898, par commodité, Henri Poincaré propose que la vitesse de la lumière soit constante dans toutes les directions. Il publiera d'autres articles qui faciliteront la venue de la relativité restreinte.

En 1905, Albert Einstein publie un article d'une trentaine de pages, Zur Elektrodynamik bewegter Körper, qui réconcilie plusieurs contradictions entre les théories de l'époque et les résultats expérimentaux. Pour y parvenir, il énonce deux postulats : le principe de relativité et la constance de la vitesse de la lumière dans tous les systèmes de référence en mouvement uniforme. Des expériences seront réalisées pour tenter d'invalider ou de confirmer les prédictions de la relativité restreinte. Sur le plan théorique, la théorie d'Einstein sera critiquée à plusieurs reprises. Mathématiquement formalisée, surtout grâce aux travaux de Hermann Minkowski, elle s'imposera définitivement pendant le XXe siècle.

Thalès

Thalès de Milet
Thalès de Milet

Thalès de Milet, appelé communément Thalès (en grec ancien : Θαλής / Thalês), était un philosophe et savant grec né à Milet vers 625 av. J.-C. et mort vers l'an 547 av. J.-C dans cette même ville d'Ionie.

Il fut l'un des « Sept sages » de la Grèce antique et le fondateur présumé de l'école milésienne. Philosophe de la nature, il passe pour avoir effectué un séjour en Égypte, où il aurait été initié aux sciences égyptienne et babylonienne. On lui attribue de nombreux exploits arithmétiques, comme le calcul de la hauteur de la Grande Pyramide ou la prédiction d'une éclipse.

Personnage légendaire, qui semble n'avoir rien écrit, sa méthode d'analyse du réel en fait l'une des figures majeures du raisonnement scientifique. Il a su s'écarter des discours explicatifs délivrés par la mythologie pour privilégier une approche naturaliste caractérisée par l'observation et la démonstration.

Thalès de Milet est considéré comme le premier philosophe de la nature (φυσικός φιλόσοφος), scientifique et mathématicien grec. Il est d'abord un commerçant et un ingénieur mais il est aussi vu comme un homme politique, si l'on tient compte de sa participation au groupe des « Sept sages ».

Nicolas Flamel

Nicolas Flamel sous les traits d'un alchimiste dans le portrait romantique de la Galerie historique des Célébrités populaires (1840).
Nicolas Flamel sous les traits d'un alchimiste dans le portrait romantique de la Galerie historique des Célébrités populaires (1840).

Nicolas Flamel (vers 1330 ou 1340, peut-être à Pontoise – 22 mars 1418 à Paris), est un bourgeois parisien du XIVe siècle, écrivain public, copiste et libraire-juré.

Sa carrière prospère, son mariage avec Pernelle, une veuve ayant du bien, et ses spéculations immobilières lui assurèrent une fortune confortable, qu'il consacra, à la fin de sa vie, à des fondations et constructions pieuses. Cette fortune, que la rumeur amplifia, est à l'origine du mythe qui fit de lui un alchimiste ayant réussi dans la quête de la pierre philosophale permettant de transmuter les métaux en or. À cause de cette réputation, plusieurs traités alchimiques lui furent attribués, de la fin du XVe siècle au XVIIe siècle, le plus célèbre étant Le Livre des figures hiéroglyphiques paru en 1612. Ainsi, « le plus populaire des alchimistes français ne fit jamais d'alchimie ».

Léonard de Vinci

Léonard de Vinci
Léonard de Vinci

Léonard de Vinci (Leonardo di ser Piero da VinciLeonardo di serP iero da Vinci écouter, dit Leonardo da Vinci), né à Vinci le et mort à Amboise le , est un peintre italien et un homme d'esprit universel, à la fois artiste, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain.

Après son enfance à Vinci, Léonard est élève auprès du célèbre peintre et sculpteur florentin Andrea del Verrocchio. Ses premiers travaux importants sont réalisés au service du duc Ludovic Sforza à Milan. Il œuvre ensuite à Rome, Bologne et Venise et passe les dernières années de sa vie en France, à l'invitation du roi François Ier.

Léonard de Vinci est souvent décrit comme l'archétype et le symbole de l'homme de la Renaissance, un génie universel et un philosophe humaniste dont la curiosité infinie est seulement égalée par la force d'invention. Il est considéré comme un des plus grands peintres de tous les temps et peut-être la personne la plus talentueuse dans le plus grand nombre de domaines différents ayant jamais vécu.

C'est d'abord comme peintre que Léonard de Vinci est reconnu. Deux de ses œuvres, La Joconde et La Cène, sont des peintures très célèbres, souvent copiées et parodiées, et son dessin de l’Homme de Vitruve est également repris dans de nombreux travaux dérivés. Seules une quinzaine d'œuvres sont parvenues jusqu'à nous ; ce petit nombre est dû à ses expérimentations constantes et parfois désastreuses de nouvelles techniques et à sa procrastination chronique. Néanmoins, ces quelques œuvres, jointes à ses carnets, qui contiennent des dessins, des diagrammes scientifiques et des réflexions sur la nature de la peinture, sont un legs aux générations suivantes d'artistes seulement égalé par Michel-Ange.

Comme ingénieur et inventeur, Léonard développe des idées très en avance sur son temps, comme l'avion, l'hélicoptère, le char de combat, le sous-marin jusqu'à l'automobile. Très peu de ses projets sont construits, ou même seulement réalisables de son vivant, mais certaines de ses plus petites inventions comme une machine pour mesurer la limite élastique d'un câble entrent dans le monde de la manufacture. En tant que scientifique, Léonard de Vinci a beaucoup fait progresser la connaissance dans les domaines de l'anatomie, du génie civil, de l'optique et de l'hydrodynamique.

Hypatie

Représentation imaginaire d'Hypatie d'Alexandrie par Alfred Seifert (1901).
Représentation imaginaire d'Hypatie d'Alexandrie par Alfred Seifert (1901).

Hypatie (née entre 355 et 370 selon les sources et assassinée par des chrétiens en 415) est une philosophe néoplatonicienne, astronome et mathématicienne grecque d'Alexandrie. Grande femme de lettres et de sciences, elle est à la tête de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l'astronomie. C'est la première mathématicienne dont la vie est bien documentée.

Hypatie est reconnue de son vivant pour être une professeure de renom et une sage conseillère. La seule source listant ses œuvres, la Souda, lui attribue un commentaire sur les Arithmétiques de Diophante d'Alexandrie, qui aurait peut-être partiellement survécu en se mélangeant au texte original de Diophante parvenu jusqu'à nous, et un autre, perdu, sur le traité d'Apollonios de Perga portant sur les sections coniques. Elle participe par ailleurs au commentaire ou à l'édition de l'Almageste de Ptolémée par son père. Elle est aussi capable de construire des astrolabes et des hydromètres.

Bien que non-chrétienne, Hypatie est connue pour sa tolérance à l'égard des premiers chrétiens. Elle enseigne ainsi à de nombreux étudiants chrétiens, dont Synésios de Cyrène, futur évêque de Ptolémaïs. Jusqu'à la fin de sa vie, Hypatie conseille Oreste, alors préfet d'Égypte, qui est en conflit ouvert avec Cyrille d'Alexandrie, évêque d'Alexandrie. Des rumeurs indiquant qu'elle entretient le conflit entre Oreste et Cyrille poussent une foule de moines chrétiens, en mars 415, à l'assassiner, à la démembrer et à la brûler. Ils sont notamment incités à tuer Hypatie par un meneur spirituel nommé Pierre, sous l'influence de Cyrille d'Alexandrie.

Sa mort sous les coups des chrétiens choque l'Empire et fait d'elle une « martyre de la philosophie », menant les futurs néoplatoniciens comme Damascios à devenir de fervents opposants au christianisme. Pendant le Moyen Âge, le symbole d'Hypatie est récupéré et déformé pour en faire une incarnation des vertus chrétiennes ; elle pourrait être à l'origine de la légende de Catherine d'Alexandrie. Pendant le Siècle des Lumières, elle redevient un symbole de l'opposition au catholicisme. Elle intègre la littérature européenne sous l'impulsion de Charles Kingsley en 1853, qui rédige un ouvrage romancé sur la vie de la mathématicienne, puis, au XXe siècle, devient une icône du mouvement pour les droits des femmes et du féminisme. Plusieurs descriptions associent son histoire avec l'incendie de la grande Bibliothèque d'Alexandrie ; les faits démontrent pourtant que les deux attaques sont distinctes.

Histoire de l'automobile

Célèbre photo représentant Dorothea Lange sur une Ford Modèle B, en 1936.
Célèbre photo représentant Dorothea Lange sur une Ford Modèle B, en 1936.

L’histoire de l’automobile rend compte de la naissance et de l’évolution de l’automobile, invention technologique majeure qui a considérablement modifié les sociétés de nombreux pays au cours du XXe siècle. Elle prend naissance au XIXe siècle lorsque la technique fait la part belle à la vapeur comme source d’énergie pour ensuite s’orienter massivement vers le pétrole et le moteur à explosion.

L’automobile s’est progressivement imposée dans les pays développés comme le principal mode de transport pour la circulation des individus et des marchandises. Son industrie a été l’un des secteurs les plus importants et les plus influents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et son essor mondial en a été spectaculaire. 250 000 automobiles sont dénombrées en 1907, 500 000 en 1914 avec l’apparition de la Ford T et 50 millions avant la Seconde Guerre mondiale. Le parc automobile triple pendant les Trente Glorieuses et atteint les 300 millions de véhicules en 1975. En 2007, la production annuelle mondiale de voitures passe le cap des 70 millions d’unités, et on estime que le parc pourrait dépasser le milliard en 2010…

Thomas Norton (alchimiste)

Maître alchimiste préparant les ingrédients pour le grand œuvre - Verso du folio 20 du manuscrit MS Ferguson 191 de The Ordinall of Alchemy (XVIe siècle).
Maître alchimiste préparant les ingrédients pour le grand œuvre - Verso du folio 20 du manuscrit MS Ferguson 191 de The Ordinall of Alchemy (XVIe siècle).

Thomas Norton (vers 1433 - vers 1513) est un alchimiste anglais de la fin du Moyen Âge. Il est l'auteur d'un célèbre poème alchimique en moyen anglais intitulé The Ordinall of Alchemy (L'Ordinaire d'Alchimie), daté de 1477.

Temple Grandin

Temple Grandin lors d'une conférence TED en 2010.
Temple Grandin lors d'une conférence TED en 2010.

Temple Grandin (Boston, ) est une scientifique américaine, professeur de zootechnie et de sciences animales à l'université d'État du Colorado, et docteur et spécialiste de renommée internationale dans cette même discipline. Devenue très médiatique, elle est probablement l'une des personnalités autistes les plus célèbres au monde.

Mary Temple Grandin a été diagnostiquée avec des « dommages cérébraux » à l'âge de deux ans, et n'a pas parlé avant l'âge de trois ans et demi. Une prise en charge précoce lui a permis de progresser, de suivre sa scolarité jusqu'en doctorat, puis de vivre de son métier. Elle est également connue pour être la première personne autiste à avoir témoigné sur son expérience de vie dans des autobiographies, Ma vie d'autiste en 1986 et Penser en images en 1995. Elle fait régulièrement appel à des techniques de scanographie, qui ont révélé le fonctionnement et la structure particulière de son cerveau spécialisé dans la pensée visuelle, une recherche publiée dans l'ouvrage Dans le cerveau des autistes, en 2013.

S’impliquant pour la défense du bien-être animal, plaidant pour une meilleure prise en compte de la souffrance animale pendant l'élevage et l'abattage, en s’opposant aux abattages rituels et à l'élevage en batterie, elle monte en 1980 une entreprise d’ingénierie et de conseils sur les conditions d'élevage des animaux de rente, qui fait d’elle une experte en conception d'équipements pour le bétail. En 2012, près de la moitié des abattoirs à bovins d'Amérique du Nord sont équipés du matériel qu'elle a conçu ; en 2016, elle a collaboré à environ 200 articles de recherche.

Elle milite également pour les droits des personnes autistes et souhaite la reconnaissance de l'autisme en tant que handicap, plutôt que maladie mentale. Dans L'Interprète des animaux, elle rapproche la perception animale de celle des autistes, notamment en termes de sensibilité à l'environnement. En se basant sur son expérience personnelle et l'observation des bovins, elle invente la machine à câlin, un appareil destiné à calmer les personnes hypersensibles.

Oliver Sacks a contribué à la faire connaître grâce à son ouvrage Un anthropologue sur Mars, reprenant une phrase qu'elle avait utilisée pour décrire sa sensation de décalage en tant qu'autiste vivant parmi des personnes non-autistes : Different, not less! (« Différent(e), pas attardé(e) ! »). L'actrice Claire Danes l'incarne dans un téléfilm semi-biographique produit par HBO, sorti en 2010. Elle a été récompensée de très nombreuses fois pour son double investissement en faveur des animaux et de la connaissance de l'autisme, lui valant d'être qualifiée de « voix des sans-voix ».

Emmy Noether

Portrait de Emmy Noether avant 1910.
Portrait de Emmy Noether avant 1910.

Amalie Emmy Noether ( - ) est une mathématicienne allemande spécialiste d'algèbre abstraite et de physique théorique. Décrite par Albert Einstein comme « le génie mathématique créatif le plus considérable produit depuis que les femmes ont eu accès aux études supérieures », elle a révolutionné les théories des anneaux, des corps et des algèbres. En physique, le théorème de Noether explique le lien fondamental entre la symétrie et les lois de conservation.

Emmy Noether naît dans une famille juive d'Erlangen (à l'époque dans le royaume de Bavière). Son père est le mathématicien Max Noether. Emmy envisage d'abord d'enseigner le français et l'anglais après avoir passé les examens requis, mais étudie finalement les mathématiques à l'université d'Erlangen où son père donne des conférences. Après avoir achevé sa thèse en 1907 sous la direction de Paul Gordan, elle travaille bénévolement à l'Institut de Mathématiques d'Erlangen pendant sept ans. En 1915, elle est invitée par David Hilbert et Felix Klein à rejoindre le très renommé département de mathématiques de l'université de Göttingen. Cependant, en raison de l'opposition de la faculté de philosophie — qui refuse qu'une femme soit nommée professeur — elle doit pendant quatre ans donner des cours sous le nom de Hilbert. Son habilitation est obtenue en 1919, elle acquiert le titre de Privatdozent.

Noether reste un des membres les plus influents du département de mathématiques de Göttingen jusqu'en 1933. En 1924, le mathématicien néerlandais Bartel Leendert van der Waerden rejoint le cercle de ses étudiants et devient le principal propagateur des idées de Noether, dont le travail servira de fondation à son très influent ouvrage : Moderne Algebra (1931). Avant même son intervention au congrès international des mathématiciens de Zurich (1932), sa connaissance de l'algèbre est reconnue dans le monde entier. L'année suivante, le gouvernement nazi exclut les Juifs qui occupent des postes universitaires et Noether déménage pour les États-Unis où elle obtient un poste au Bryn Mawr College, en Pennsylvanie. En 1935, elle est opérée en raison d'un kyste ovarien et, malgré des signes de rétablissement, meurt quatre jours plus tard à l'âge de cinquante-trois ans…

Eugénisme en France

Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913, et président de la Société française d'eugénique de 1920 à 1926.
Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913, et président de la Société française d'eugénique de 1920 à 1926.

L'eugénisme en France, malgré son échec politique sous la Troisième République, connaît un développement théorique précoce et abouti. Cette idéologie eugéniste médicale préconise la formation d'une élite humaine sous la conduite de l'État français dès la fin du XVIIIe siècle. La connaissance subséquente des théories de l'anthropologue et statisticien britannique Francis Galton, premier théoricien de l'eugénisme, mène à la création de la Société française d'eugénique en 1913.

Bien que de nombreuses demandes de mesures interventionnistes soient portées par les théoriciens français de l'eugénisme jusque durant la première moitié du XXe siècle, cette idéologie a peu d'incidences sur les citoyens français, au contraire de ceux des pays anglo-saxons et du Troisième Reich. Une seule loi d'inspiration eugéniste est adoptée en France, celle établissant le certificat prénuptial obligatoire, sous le régime de Vichy. Les raisons de cet échec, multiples, sont plus particulièrement liées à l'influence du catholicisme, au néo-lamarckisme, et à la dépopulation consécutive aux guerres.

Les deux propagateurs d'idées eugénistes les plus connus sont le prix Nobel de médecine Charles Richet, président de la Société française d'eugénique et qui promeut la mise à mort des enfants handicapés, et Alexis Carrel, qui dirige la Fondation française pour l'étude des problèmes humains sous le régime de Vichy. Le puériculteur Adolphe Pinard monte un ambitieux projet de contrôle de la procréation. Le médecin militaire Charles Binet-Sanglé propose la création d'un « haras humain », et le gazage des « tarés ». Malgré le procès des médecins nazis à Nuremberg pour crime contre l'humanité, l'idéologie eugéniste continue d'être brièvement défendue par le biologiste Jean Rostand durant les années 1950, l'absence de connaissance des atrocités commises au nom de l'idéologie eugéniste sur le sol allemand n'entraînant que peu de condamnations officielles de ces pratiques en France.

L'émergence d'une nouvelle forme d'eugénisme, en France comme dans d'autres pays occidentaux, questionne l'éthique des pratiques médicales depuis les années 1990, en particulier depuis l'affaire Perruche. Avec l'adoption de la première loi de bioéthique en 1994, la France condamne officiellement toute pratique de sélection eugénique collective, au titre des « crimes contre l'espèce humaine » ; cependant, ce pays autorise une sélection individuelle des naissances. Le débat autour de l'eugénisme se réactive à travers des questionnements liés à des pratiques médicales telles que le diagnostic prénatal (DPN), le diagnostic préimplantatoire (DPI), et la forme d'avortement sélectif définie comme interruption médicale de grossesse (IMG) dans les lois françaises, autorisée à tout moment en cas de suspicion de maladie génétique ou de handicap graves. Les futurs parents peuvent éviter de donner naissance à des enfants suspectés ou détectés porteurs de handicaps tels qu'une trisomie 21 ou un nanisme, différentes personnes concernées par ces handicaps estimant que la disparition de ces catégories humaines relève de l'eugénisme. Ces questions donnent lieu à de longs débats entre médecins, éthiciens, philosophes, responsables associatifs et personnalités politiques ; elles influencent aussi les révisions de lois de bioéthique en France.

Isabella Bachmakova

Portrait vers 1950.
Portrait vers 1950.

Isabella Grigorievna Bachmakova (en russe : Изабелла Григорьевна Башмакова, Izabella Grigorievna Bachmakova), née le à Rostov-sur-le-Don (Union soviétique) et morte le à Zvenigorod, est une historienne des mathématiques russe. Ses thèmes principaux de recherche sont les mathématiques dans la Grèce antique, l'histoire de l'algèbre et la théorie algébrique des nombres. Elle s'est particulièrement intéressée au mathématicien Diophante et ses Arithmétiques. Son approche novatrice, consistant à compléter la lecture algébrique traditionnelle des Arithmétiques à l'aide des outils de la géométrie algébrique, a ouvert la voie à de nouvelles interprétations.

Elle a passé près de cinquante ans à enseigner à l'université d'État de Moscou et a pris part, aux côtés de mathématiciens et d'historiens comme Andreï Kolmogorov ou Adolf P. Youschkevitch, à la constitution et au développement en Russie des recherches en histoire des mathématiques.

Kenneth O. May

Portrait de Kenneth O. May.
Portrait de Kenneth O. May.

Kenneth Ownsworth May () est un mathématicien et historien des mathématiques américain. Il s'est d'abord intéressé à l'économie mathématique, domaine dans lequel il a développé le théorème de May en théorie du choix social, puis à l'enseignement des mathématiques avant d'orienter ses travaux vers l'histoire des mathématiques et plus particulièrement l'organisation de la discipline et des outils nécessaires à son exercice.

Intéressé par les interactions entre science et société, il obtient une bourse d'études de l'Institute of Current World Affairs et, après un séjour de près de deux ans en Europe, il continue à entretenir des liens avec des membres influents et entre au conseil d'administration. Il participe activement dès le début de ses études supérieures à différentes actions du parti communiste, jusqu'à son enrôlement dans l'armée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ses opinions et activités politiques ont un impact sur sa vie professionnelle et familiale ; son père s'y oppose publiquement et Kenneth perd notamment son premier poste d'enseignement à Berkeley.

Après avoir obtenu son doctorat, il enseigne une vingtaine d'années au Carleton College. Il quitte alors les États-Unis pour le Canada et l'université de Toronto. C'est là qu'il commence à se tourner exclusivement vers l'histoire des mathématiques. Il a notamment été l’un des principaux artisans de la Commission internationale d'histoire des mathématiques (ICHM) qu'il dirige pendant plusieurs années et le premier rédacteur en chef de son journal officiel Historia Mathematica. Tous les quatre ans, l'ICHM décerne le prix Kenneth O. May pour des contributions exceptionnelles à l'histoire des mathématiques.

Leonhard Euler

Portrait de Leonhard Euler par Johann Georg Brucker.
Portrait de Leonhard Euler par Johann Georg Brucker.

Leonhard Euler, né le à Bâle (Suisse) et mort à 76 ans le 7 septembre 1783 ( dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg (Empire russe), est un mathématicien et physicien suisse, qui passa la plus grande partie de sa vie dans l'Empire russe et en Allemagne. Il était notamment membre de l'Académie royale des sciences de Prusse à Berlin.

Euler fit d'importantes découvertes dans des domaines aussi variés que le calcul infinitésimal et la théorie des graphes. Il introduisit également une grande partie de la terminologie et de la notation des mathématiques modernes, en particulier pour l'analyse mathématique, comme la notion de fonction mathématique. Il est aussi connu pour ses travaux en mécanique, en dynamique des fluides, en optique et en astronomie ou en géométrie du triangle.

Euler est considéré comme un éminent mathématicien du XVIIIe siècle et l'un des plus grands et des plus prolifiques de tous les temps. Une déclaration attribuée à Pierre-Simon de Laplace exprime l'influence d'Euler sur les mathématiques : « Lisez Euler, lisez Euler, c'est notre maître à tous. » Il était un fervent chrétien, croyant en l'inerrance biblique, et s'opposa avec force aux athées éminents de son temps.

Théorie synergétique

Le livre L'énergie électromagnétique matérielle et gravitationnelle de René-Louis Vallée.
Le livre L'énergie électromagnétique matérielle et gravitationnelle de René-Louis Vallée.

La théorie synergétique ou simplement la synergétique (appelée encore la Synergie par son auteur) est une théorie pseudo-scientifique développée par René-Louis Vallée et diffusée à partir de 1971, date de la publication de son livre L'énergie électromagnétique matérielle et gravitationnelle.

Le magazine Science et Vie publie quelques articles sur le sujet, puis relate en 1975 une expérience qui aurait produit plus d'énergie que celle qui a été apportée au système : commence alors une longue controverse sur cette découverte d'une énergie libre. Dans l'année qui suit, le magazine La Recherche s'intéresse au livre de Vallée et, sur ses indications, fait faire une expérience rigoureuse à des physiciens, permettant de vérifier ou de réfuter le premier test. Les résultats se montrent négatifs : aucun excès d'énergie n'est observé.

L'analyse de la théorie elle-même révèle de nombreuses incohérences, il s'avère que l'auteur est parti de ses propres convictions pour écrire un ensemble de formules qui ne sont pas vraiment liées entre elles. En effet, Vallée était contre la physique moderne dont les développements théoriques du XXe siècle étaient devenus trop complexes à ses yeux et ne pouvaient être conformes à la réalité.

Inscrit au Cercle de physique Alexandre Dufour et soutenu par les adeptes des énergies libres jusque dans les années 2000, Vallée parvient à obtenir une certaine présence médiatique avant que la synergétique ne disparaisse de cet espace.

Science et ingénierie de Léonard de Vinci

Une page du Codex Atlanticus sur des systèmes d'irrigation, rédigé et dessiné par Léonard de Vinci entre 1480 et 1482 (Milan, bibliothèque Ambrosienne, no f26v).
Une page du Codex Atlanticus sur des systèmes d'irrigation, rédigé et dessiné par Léonard de Vinci entre 1480 et 1482 (Milan, bibliothèque Ambrosienne, no f26v).

La science et l'ingénierie sont deux domaines, au-delà des arts plastiques, dans lesquels Léonard de Vinci s’est illustré à travers des recherches et dessins et dont témoignent ses carnets et projets de traités.

Si sa motivation première est artistique — avec la représentation la plus juste possible des corps, de la nature, de l'ombre et de la lumière, ou encore des proportions —, il est entraîné dès les années 1480 dans des études aux directions variées, faisant de lui l'archétype des ingénieurs-artistes polymathes de la Renaissance : l'anatomie humaine et comparée ; les mathématiques et particulièrement la géométrie ; la botanique et la géologie ; l'optique et l'astronomie ; l'architecture, l'urbanisme et la cartographie ; les machines de guerre ou volantes ; en ingénierie, la mécanique générale ainsi que l'hydraulique.

Participant à la Renaissance italienne, Léonard de Vinci se situe à ce moment charnière où les savants perçoivent, sans pour autant parvenir à les dépasser, les limites des théories scientifiques et l'inefficience des technologies contemporaines, héritées de l'Antiquité et encore ancrées dans le Moyen Âge. Se revendiquant scientifique et surtout ingénieur, il ne bénéficie cependant que d'une formation sommaire puisqu'il ne fréquente que deux ans une école pour futurs commerçants puis est intégré au sein de l'atelier d'Andrea del Verrocchio, lui-même artiste polymathe, qui lui fait découvrir la peinture et la sculpture, et l'initie également aux techniques permettant de les mettre en œuvre, comme la fonderie, la métallurgie ou l'ingénierie. En outre, l'importance et l'intensité de son travail dans chacun des domaines envisagés le conduisent presque invariablement à envisager la création d'un traité. Néanmoins, pas un seul n'est mené à son terme du fait de sa tendance à l'inachèvement.

Diversement reconnu par ses contemporains, son parcours scientifique et d'ingénieur n'est que tardivement redécouvert au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. D'abord considérée comme celle d'un génie absolu, inégalée et isolée parmi ses contemporains, la figure de Léonard est, au mitan du XXe siècle, fortement remise en question. Ses limites sont dès lors mises en avant, en particulier ses bagages : théoriques, du fait de ne pas avoir fréquenté les universités ; notionnels, par méconnaissance du grec et du latin alors porteurs du vocabulaire technique et scientifique. Pour autant, Léonard de Vinci est, à l'orée du XXIe siècle, replacé dans son contexte : il est désormais considéré comme un savant de son temps, héritier des connaissances et des croyances médiévales, et dont le travail bénéficie des avancées de contemporains comme celles de Filippo Brunelleschi, Giuliano da Sangallo ou Francesco di Giorgio Martini.

Bien que ses apports soient relativisés, les historiens des sciences lui reconnaissent d'avoir introduit l'utilisation du dessin technique en tant que support de mémoire et pédagogique ; d'avoir poussé à leur perfection les techniques de représentations et de les avoir appliquées à tout sujet technologique. De même, son travail se distingue par son caractère systématique et par une attention aussi aiguë pour le détail que pour l'ensemble. Enfin, ses recherches se singularisent de ses contemporains par un souci de rentabilisation économique du travail par la recherche systématique de l'automatisation des mécanismes.