François Villon

François Villon (Grand Testament de Maistre François Villon, 1489)
François Villon (Grand Testament de Maistre François Villon, 1489)

François de Moncorbier dit Villon (né en 1431 ou 1432 à Paris, disparu en 1463) est un poète français de la fin du Moyen Âge. Il est probablement l'auteur français le plus connu de cette période. Les romantiques en ont fait le précurseur des poètes maudits.

Les seules sources contemporaines dont nous disposons concernant Villon sont, outre ses propres écrits littéraires, six documents administratifs relatifs à ses procès. Ainsi, il faut soigneusement séparer les faits établis avec une quasi-certitude de la « légende Villon » à laquelle il a lui-même largement contribué en se mettant en scène dans ses œuvres.

En français moderne Villon se prononce [vijɔ̃] (comme « pavillon ») : la preuve en est apportée par le jeu des rimes comme dans la Ballade finale du Grand Testament, où le poète fait rimer son nom avec « carillon » ou « vermillon ». La prononciation à Paris, au XVe siècle, était différente comme pour le prénom, mais il ne viendrait à l'idée de personne de ne pas prononcer aujourd'hui François [fʀɑ̃swa] , donc par cohérence il faut dire [vijɔ̃] » pour Villon.


Homère

Portrait imaginaire d'Homère
Portrait imaginaire d'Homère

Homère est réputé avoir été un aède de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. C'est le premier poète grec dont les œuvres nous sont parvenues. On ne sait rien de sa vie et son existence même est l'objet de discussions. Selon les traditions antiques, Homère aurait été aveugle et viendrait d'Asie Mineure.

Il était surnommé simplement « le Poète » (ὁ Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. On lui attribue la paternité de l'Iliade et de l'Odyssée, deux des épopées les plus célèbres de la littérature, sources importantes pour la connaissance de la mythologie grecque, et notamment de la guerre de Troie et des retours. Les Anciens le pensaient également auteur de nombreuses autres œuvres, comme la Batrachomyomachia (« Bataille des grenouilles et des rats ») ou les Hymnes homériques.

Victor Hugo

Portrait de Victor Hugo par Nadar (vers 1884).
Portrait de Victor Hugo par Nadar (vers 1884).

Victor HugoÉcouter est un poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, né à Besançon le (le 7 ventôse an X selon le calendrier républicain encore en vigueur) et mort le à Paris. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l’histoire du XIXe siècle. Il occupe une place marquante dans l’histoire des lettres françaises au XIXe siècle, dans des genres et des domaines d’une remarquable variété.

Au théâtre, Victor Hugo se manifeste comme un des chefs de file du Romantisme français lorsqu'il expose sa théorie du drame romantique dans les préfaces qui introduisent Cromwell en 1827, puis Hernani en 1830 qui sont de véritables manifestes, puis par ses autres œuvres dramatiques : Ruy Blas en 1838, mais aussi Lucrèce Borgia et Le Roi s'amuse.

Victor Hugo est aussi un poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne (1831) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles (1859 et 1877).

Ses romans rencontrent également un grand succès populaire, avec notamment Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862).

Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, notamment sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), une correspondance abondante, ainsi que de nombreux croquis et dessins à la plume et au lavis.

Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre. Il a été admiré par ses contemporains et l’est encore, mais il a aussi été contesté par certains auteurs modernes. Il a permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l’engagement de l’écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position, choisissant de s'exiler pour vivre à Guernesey pendant les vingt ans du Second Empire.

Ses choix, à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique, que la Troisième République a honoré par des funérailles nationales, qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris le , dix jours après sa mort.

William Shakespeare

Portrait de Shakespeare

William Shakespeare (né probablement le 23 avril 1564, baptisé le 26 avril 1564, décédé le 23 avril 1616) est largement considéré comme le plus grand poète, dramaturge et écrivain de la culture anglo-saxonne. Il est réputé pour sa maîtrise des formes poétiques et littéraires ; sa capacité à représenter les aspects de la nature humaine est souvent mise en avant par ses amateurs.

Personnage éminent de la culture occidentale, Shakespeare continue d’influencer les artistes d’aujourd’hui. Il est traduit dans un grand nombre de langues et ses pièces sont régulièrement jouées partout dans le monde. Shakespeare est l’un des rares dramaturges à avoir pratiqué aussi bien la comédie que la tragédie. Il est également extrêmement rare de voir un écrivain du XVIe siècle dont les textes puissent donner, dans notre époque moderne, des films à succès.

Shakespeare écrivit trente-sept œuvres dramatiques entre les années 1580 et 1613, bien que la chronologie exacte de ses pièces soit encore sujette à discussion. Cependant, le volume de ses créations ne doit pas nous apparaître comme exceptionnel, d’après les standards de l’époque.

Edgar Allan Poe

Edgar Allan Poe en novembre 1848
Edgar Allan Poe en novembre 1848

Edgar Poe (Boston, - Baltimore, ) est un poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur américain, ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour son poème Le Corbeau (1845) et ses contes; Histoires extraordinaires en 1856) — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique —, il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier avec des nouvelles comme La Lettre volée et Double assassinat dans la rue Morgue . Par ailleurs nombre de ses récits relèvent du fantastique (Metzengerstein - Les Aventures d'Arthur Gordon Pym) ou préfigurent le genre de la science-fiction (Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall).

L'influence de Poe a été et demeure importante, aux États-Unis comme dans l'ensemble du monde, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques. Auteur américain, il ne fait pas exception au proverbe qui dit que nul n’est prophète en son pays, car il a d’abord été reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête. La critique contemporaine le place parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.

Famille Brontë

Anne, Emily et Charlotte Brontë, par leur frère Branwell (vers 1834). Lui-même s'était représenté, au milieu de ses sœurs. Les raisons pour lesquelles son portrait a été effacé demeurent aujourd'hui encore obscures.
Anne, Emily et Charlotte Brontë, par leur frère Branwell (vers 1834). Lui-même s'était représenté, au milieu de ses sœurs. Les raisons pour lesquelles son portrait a été effacé demeurent aujourd'hui encore obscures.

La famille Brontë est une famille littéraire anglaise du XIXe siècle, dont la notoriété, qui s'étend à tous ses membres, est essentiellement due à la fratrie formée par trois sœurs, poétesses et romancières, Charlotte (née le ), Emily (née le ) et Anne (née le ). Elles publient des poèmes, puis des romans, d'abord sous des pseudonymes masculins. Leurs romans attirent immédiatement l'attention, pas toujours bienveillante, pour leur originalité et la passion qu'ils manifestent. Seul Jane Eyre, de Charlotte, connaît aussitôt le succès. Mais Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent) d'Emily, Agnes Grey puis The Tenant of Wildfell Hall (La Recluse de Wildfell Hall) d'Anne sont admis plus tard parmi les grandes œuvres de la littérature.

Personne, parmi les ascendants, ne laisse présager les dons que les enfants manifestent dès leur plus jeune âge. Très proches, les trois sœurs et leur frère Branwell développent leur imagination en écrivant ensemble des histoires de plus en plus complexes, au contact d'un père très cultivé. La confrontation à la mort, de leur mère d'abord, puis surtout de leurs deux sœurs aînées, les marque profondément et influence leurs œuvres.

Leur propre destinée tragique, tout autant que leur précocité, ont beaucoup contribué à leur renommée et, par ricochet, à celle de leurs proches. Depuis leur disparition et même du vivant de leur père qui leur a survécu, la famille fait l'objet d'un culte s'étendant bien au-delà de l'Angleterre. Sa demeure, le presbytère de Haworth, aujourd'hui transformé en musée, est devenu un lieu de pèlerinage où se pressent, chaque année, des centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier.

Abou el Kacem Chebbi

Portrait d'Abou el Kacem Chebbi portant une chéchia à l'âge de 17 ans.
Portrait d'Abou el Kacem Chebbi portant une chéchia à l'âge de 17 ans.

Abou el Kacem Chebbi (arabe : أبو القاسم الشابي), également orthographié Aboul Kacem Chabbi ou Aboul-Qacem Echebbi, né probablement le à Tozeur et mort le à Tunis, est un poète tunisien d'expression arabe considéré par Abderrazak Cheraït comme le poète national de la Tunisie.

Très jeune, Chebbi voyage à travers la Tunisie. En 1920, il entre à la Zitouna où il connaît de difficiles conditions de vie. En parallèle à l'écriture de ses poèmes, il participe aux manifestations anti-zitouniennes qui agitent alors Tunis. Ayant terminé ses études, il commence à fréquenter des cercles littéraires et, le 1er février 1929, tient une conférence à la Khaldounia avec pour sujet l'imagination poétique chez les Arabes. Il y critique la production poétique arabe ancienne et cette conférence, bien qu'elle déclenche dans tout le Proche-Orient des réactions violentes à son encontre, participe au renouvellement de la poésie arabe. Mais son père meurt en septembre de la même année et, en janvier 1930, Chebbi veut donner à nouveau une conférence qui soit à la hauteur de celle de la Khaldounia. Toutefois, celle-ci est boycottée par ses adversaires, ce qu'il ressent comme un véritable échec. Sa santé, déjà fragile, se dégrade encore considérablement et il meurt subitement à l'âge de vingt-cinq ans.

Abderrazak Cheraït considère Abou el Kacem Chebbi comme « l'un des premiers poètes modernes de Tunisie ». Ses poèmes apparaissent dans les plus prestigieuses revues de Tunisie et du Moyen-Orient. Fortement influencé par le romantisme européen du XVIIIe et XIXe siècles, Chebbi, qu'on a pu surnommer « le Voltaire arabe », se penche sur des thèmes comme la liberté, l'amour et la résistance, notamment dans son fameux Ela Toghat Al Alaam qui s'adresse « aux tyrans du monde » et qu'il écrit en plein protectorat français de Tunisie.

Pétrone

Portrait de Petronius Arbiter par P. Bodart, 1707.
Portrait de Petronius Arbiter par P. Bodart, 1707.

Pétrone (en latin : Petronius Arbiter) est un écrivain romain, auteur supposé du Satyricon. Il est généralement (mais pas unanimement) identifié avec le Pétrone (Titus Petronius Niger) de la cour de Néron, mort vers 66, et dont un portrait nous est donné dans les Annales de Tacite. Toutefois, d'autres hypothèses quant à son identité existent.

Le Satyricon, que la tradition littéraire attribue à Pétrone, est considéré comme l'un des premiers romans de l'histoire de la littérature. Œuvre fragmentaire, il constitue une satire sociale, qui est, grâce à la psychologie des personnages et l'observation réaliste, une véritable innovation littéraire. Pétrone est également l'auteur de poésies dont certaines se sont cependant révélées ne pas être de sa main. On lui attribue également des fragments narratifs, retrouvés au cours des siècles et supposés intégrer le récit du Satyricon.

L'esthétique de Pétrone est essentiellement parodique et satirique : ses écrits interrogent le monde romain par la dérision et le travestissement. Cependant, nombre de spécialistes lui reconnaissent un message social novateur, un style littéraire innovant et une recherche dans l'observation réaliste qui en fait l'un des auteurs précurseurs du roman.

Pétrone a influencé la littérature, le cinéma et la musique. Henryk Sienkiewicz, dans son roman Quo vadis ? (1895), fait de Petronius Arbiter un personnage clé de l'intrigue alors que Federico Fellini adapte le Satyricon en 1969. Le compositeur italien Bruno Maderna en a composé un opéra en un acte. Plus généralement, la vie de Pétrone et son esthétique ont inspiré de nombreux auteurs tels, par exemple, Henry de Montherlant, Laurence Sterne, Tobias Smollett, Henry Fielding ou encore Marcel Schwob.

Jorge Isaacs

Portrait de Jorge Isaacs par Víctor Moscoso.
Portrait de Jorge Isaacs par Víctor Moscoso.

Jorge Enrique Isaacs Ferrer, né le à Cali et mort le à Ibagué, est un écrivain et poète colombien. Surtout connu pour son roman María, il a également été soldat, politicien et explorateur scientifique. Il est considéré comme un des auteurs les plus significatifs du XIXe siècle en Amérique latine.

Alors qu'il est soldat dans un conflit opposant les conservateurs aux libéraux, Jorge Isaacs fait la connaissance du poète Gregorio Gutiérrez González et commence alors à écrire des poésies. Par la suite, il fait découvrir ses manuscrits au groupe littéraire « El Mosaico », qui éditera trente de ses compositions poétiques. En 1864, il commence à écrire son roman María, qui est publié trois ans après et devient une des œuvres les plus notables du romantisme de la littérature espagnole.

En plus de son activité littéraire, Jorge Isaacs s'engage en politique. Il est d'abord représentant à la Chambre pendant quelques années avant d'occuper le poste de consul au Chili entre 1871 et 1872. Alors qu'il est membre de l'aile radicale du parti libéral, il élabore les stratégies à développer au sein de l'enseignement. En effet, pour les libéraux, l'analphabétisme et l'ignorance empêchent la formation du citoyen, la réalisation d'une démocratie, le progrès et la paix. Cependant, ses activités politiques et au sein de l'Éducation sont sources de désillusions et d'échecs…

Jean de la Croix

Saint Jean de la Croix.
Saint Jean de la Croix.

Juan de Yepes Álvarez (en religion Jean de la Croix ou Juan de la Cruz), né à Fontiveros (Espagne) le et mort au couvent d'Úbeda le , est un prêtre carme, saint mystique espagnol, souvent appelé le réformateur et « Saint du Carmel ». Ses écrits mystiques, toujours populaires, font qu'il fut déclaré Docteur de l'Église en 1926. Liturgiquement il est commémoré le 14 décembre.

Né dans une famille aristocratique d'Espagne, il devient carme après ses études alors qu'il songeait à se faire ermite chez les chartreux. Thérèse d'Avila, réformatrice de l'ordre du Carmel, lui demande de prendre en charge l'ordre masculin du carmel. Il accepte et fonde l'ordre des Carmes déchaux. Il accompagne spirituellement les sœurs du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités de l'Ordre qui refusent sa réforme. Jean de la Croix fait alors l'expérience mystique qu'il appelle La Nuit obscure (Noche oscura). Il la décrit et développe tout au long de sa vie à travers des traités tels que La Montée du Carmel (Subida del Monte Carmelo), La Nuit obscure (Noche oscura), La Vive Flamme d'amour (Llama de amor viva), ou encore Le Cantique spirituel (Cántico espiritual). Il cherche à y témoigner du chemin des âmes vers Dieu. Après avoir été nommé prieur de divers couvents de carmes déchaussés, il finit par être mis au ban de sa communauté avant de mourir en décembre 1591.

Après sa mort, il est très vite considéré comme un saint et comme l'un des plus grands mystiques espagnols, au même titre que Thérèse d'Avila. L'Église catholique le béatifie en 1675 puis le canonise en 1726. Il est fêté le 14 décembre. Les querelles sur l'illuminisme conduisent cependant à remettre ses écrits en cause, mais la religieuse carmélite française Thérèse de Lisieux contribue fortement à promouvoir l'importance de sa doctrine. Il est proclamé « docteur de l'Église » entre les deux guerres mondiales, le .

Il est reconnu comme l'un des plus grands poètes du Siècle d'or espagnol. Il est depuis 1952 le saint patron des poètes espagnols. Certains philosophes s'appuient sur ses écrits pour conceptualiser le détachement.

Pierre Boujut

Pierre Boujut en 1983.
Pierre Boujut en 1983.

Pierre Boujut, né en 1913 et mort en 1992 à Jarnac, en Charente, est un écrivain et poète français. Tonnelier puis marchand de fer de son état, pacifiste et libertaire, il vient à l'écriture vers sa vingtième année, et lance successivement, à partir de 1933, trois revues, dont La Tour de Feu, créée en 1946. Il s'y exprime, en compagnie d'autres poètes, aussi bien sur le plan littéraire que sur le plan politique, mêlant l'un et l'autre avec enthousiasme, notamment lors de la désertion de son fils au cours de la guerre d'Algérie. Grâce à la poésie, Pierre Boujut entretient, depuis son bureau jarnacais, des relations épistolaires avec de grands écrivains de l'époque. Son mode de vie, très paisible, ne varie pas pour autant, et, à l'écart du monde officiel, il poursuit la publication de La Tour de Feu jusqu'en 1981.

Il en est le principal animateur, et suscite, au même titre que les membres de l'équipe qui l'entoure, une succession de débats, tant philosophiques que poétiques. Ces débats donnent naissance à de multiples numéros de la revue. On y reconnaît un ton particulier, marqué par le refus de toute dialectique, que Pierre Boujut maintient sans difficulté, car il respecte la personnalité de chacun. En effet, plusieurs membres du comité de rédaction créent une œuvre authentique, loin des modes parisiennes, et dans la même perspective utopique : celle d'une possible transformation du monde par la poésie. Une telle ambition fait des participants à l'aventure de La Tour de Feu de lointains parents du mouvement surréaliste, bien qu'ils n'en épousent pas toutes les audaces.

Dans les années 1970, le rayonnement du poète et de sa revue est suffisant pour attirer de jeunes amateurs de poésie jusqu'en Charente. Ils s'y établissent, et, en quelques années, quatre maisons d'édition naissent non loin de Jarnac. En 1982, Michel Héroult crée La Nouvelle Tour de Feu, qui fait suite à la revue originelle. Daniel Briolet consacre à cette dernière une recherche universitaire minutieuse publiée en 1991. Après la mort de Pierre Boujut, et afin de perpétuer le souvenir de son œuvre dans sa ville natale, une association voit le jour en 1996. Elle est dissoute fin 2011.

John Henry Newman

John Henry Newman par Sir John Everett Millais (1881).
John Henry Newman par Sir John Everett Millais (1881).

Le cardinal John Henry Newman, né à Londres le et mort à Edgbaston le , est un ecclésiastique britannique converti au catholicisme en 1845.

Étudiant à l'Université d'Oxford, il est ordonné prêtre anglican. Ses travaux sur les Pères de l'Église le conduisent à analyser les racines chrétiennes de l'anglicanisme et à défendre l'indépendance de sa religion face à l'État britannique, sous la forme de « tracts ». Ainsi naît le Mouvement d'Oxford, dont Newman est l'un des principaux acteurs. Ses recherches sur les Pères de l'Église et sa conception de l'Église l'amènent à se convertir au catholicisme, qu'il voit désormais comme la confession la plus fidèle aux racines du christianisme. C'est au cours de cette période qu'il écrit le célèbre poème Lead, kindly Light.

Théologien et christologue reconnu, il est l'une des figures majeures du catholicisme britannique, avec Thomas More, Henry Edward Manning et Ronald Knox. Il a exercé une influence considérable sur les intellectuels catholiques, notamment les auteurs venus de l'anglicanisme. Pour Xavier Tilliette, il apparaît comme « une grande personnalité singulière, une sorte de cierge pascal dans l'Église catholique du XIXe siècle ». Ses œuvres, dont la Grammaire de l'assentiment et l'Apologia Pro Vita Sua, sont une référence constante chez des écrivains tels que G. K. Chesterton, Evelyn Waugh ou Julien Green, mais aussi pour des théologiens et des philosophes comme Avery Dulles, Erich Przywara et Edith Stein, qui a traduit en allemand son ouvrage L'Idée d'université.

John Henry Newman a été proclamé vénérable par la Congrégation pour les causes des saints en 1991. Il a été béatifié à Birmingham, le , par le pape Benoît XVI.

In Flanders Fields

Version manuscrite par l'auteur.
Version manuscrite par l'auteur.

In Flanders Fields (Au champ d'honneur) est un poème de guerre écrit pendant la Première Guerre mondiale par le lieutenant-colonel canadien John McCrae. Il est rédigé à l'occasion des funérailles d'un ami de l'auteur, tombé lors de la deuxième bataille d'Ypres ; les détails de sa création font l'objet de plusieurs hypothèses.

Il est publié dans la revue Punch le et gagne une popularité importante lors du conflit, connaissant des traductions dans plusieurs langues, et étant réutilisé dans le cadre de la propagande de guerre. L'image des coquelicots est ainsi mise à profit lors d'opérations de levée d'obligations de guerre, notamment la Campagne du Coquelicot.

Sa popularité se confirme au Canada après guerre, ainsi que dans d'autres pays du Commonwealth. Il est ainsi utilisé lors du jour du Souvenir sous plusieurs formes.

Satires (Horace)

« Tantale altéré veut saisir l'eau qui, à flots, fuit ses lèvres. Tu ris ? change le nom, cette fable est ton histoire » ; inscription latine sur la fontaine de la place du Mas, à Volvic (Puy-de-Dôme).
« Tantale altéré veut saisir l'eau qui, à flots, fuit ses lèvres. Tu ris ? change le nom, cette fable est ton histoire » ; inscription latine sur la fontaine de la place du Mas, à Volvic (Puy-de-Dôme).

Les Satires (en latin : Sermones ou Saturae) sont un recueil de satires en hexamètres dactyliques du poète latin Horace, formé d'un premier livre de dix poèmes publié vers 35 av. J.-C. et d'un second livre de huit pièces paru vers 29 av. J.-C. Dédicacées au patron d'Horace, Mécène, elles développent sous différentes formes allant de l'anecdote à la parodie de scène mythologique les sujets les plus divers : critique des vices, récit de voyage, portraits de fâcheux, discussion littéraire.

S'inspirant avant tout de Lucilius (IIe siècle av. J.-C.), Horace renouvelle pourtant le genre dont il limite la crudité et exclut la satire politique, trop délicate dans la période troublée de la fin des guerres civiles. Il prône une morale de la modération et du contentement de soi, proche de l'épicurisme, en dénonçant les vices présents dans la société romaine de son temps : l'avarice et l'envie, la gloutonnerie et le raffinement extrême et ridicule de la gastronomie, le désir sexuel incontrôlé.

Le recueil met aussi en scène le poète lui-même. En plus des nombreux éléments autobiographiques qu'il fournit, un autoportrait mitigé apparaît : malmené par son propre esclave et dupé par une prostituée, irascible et maladroit, il présente cependant de nombreuses qualités morales héritées de son père et reconnues par Mécène. Cette description s'élargit dans l'opposition entre le mauvais et le bon poète, ce dernier travaillant beaucoup et écrivant peu. Horace se montre aussi intégrant peu à peu le cercle littéraire centré autour de Mécène et fréquenté par Virgile.

Les Satires sont imitées en latin dès l'Antiquité par Perse et Juvénal, puis au Moyen Âge. À l'époque moderne, les adaptations et imitations se poursuivent dans les langues nationales, avec entre autres l'Arioste en italien, Alexander Pope en anglais, Mathurin Régnier et Boileau en français.

François L'Hermite

Tristan L'Hermite en 1648, portrait gravé par Pierre Daret pour l'édition originale des Vers héroïques.
Tristan L'Hermite en 1648, portrait gravé par Pierre Daret pour l'édition originale des Vers héroïques.

François L'Hermite du Solier, dit Tristan L'Hermite ou Tristan, né en au château du Solier, près de Janaillat dans la Marche, mort à Paris le , est un gentilhomme et écrivain français. D'abord page dans l'entourage de Henri de Bourbon-Verneuil, fils naturel du roi Henri IV, puis homme d'épée au service de Louis XIII et de son frère Gaston, duc d'Orléans, il est passé à la postérité comme auteur polygraphe — s'étant illustré comme poète, dramaturge et romancier.

Son nom de plume fait référence à Louis Tristan L'Hermite, qui avait servi les rois de France de Charles VI à Louis XI et que la tradition familiale considérait comme l'un de ses ancêtres, au même titre que Pierre l'Ermite qui prêcha la première croisade populaire au XIe siècle.

Auteur de cinq tragédies, d'une tragi-comédie, d'une comédie et d'une pastorale, de cinq recueils de vers galants, héroïques et religieux, d'un roman et de Lettres mêlées, Tristan aborde tous les genres. La publication des Plaintes d'Acante, en 1633, le révèle comme le successeur de Malherbe et de Théophile de Viau dans le domaine de la poésie amoureuse, élégiaque et lyrique. Le succès remporté en 1636 par sa première pièce de théâtre, La Mariane, où l'acteur Montdory fait sensation avant de jouer Le Cid, l'impose comme l'un des meilleurs auteurs dramatiques autour de Corneille.

Membre de l'Académie française en 1649, Tristan accompagne les débuts de l'Illustre Théâtre de Molière, et offre un grand succès à Madeleine Béjart dans La Mort de Sénèque. Il protège également Quinault, dont il encourage la carrière en proposant les premiers éléments du droit d'auteur.

Son œuvre tombe dans l'oubli avec le triomphe du classicisme. Le XVIIIe siècle des Lumières et le XIXe siècle du romantisme semblent l'ignorer, malgré les influences ou les résonances que son œuvre suggère. Des professeurs, des érudits et des poètes proches du symbolisme redécouvrent Tristan, à partir de 1870, comme « un précurseur de Racine ». La thèse de Napoléon-Maurice Bernardin soutenue en 1895 entraîne la réédition de son roman, Le Page disgracié, ainsi que des nouvelles représentations de ses pièces, dans le cadre de conférences universitaires et mondaines.

En 1955, Amédée Carriat inaugure un courant d'études tristaniennes qui se développe bientôt en Italie, en Allemagne, au Canada et aux États-Unis. L'association Les Amis de Tristan L'Hermite, créée en 1979, assure une diffusion des travaux entrepris en littérature française du XVIIe siècle autour de l'écrivain creusois. Antoine Adam voit en Tristan « la plus noble figure de poète que puisse nous offrir l'époque de Louis XIII ».

La Mort de Sénèque est reprise à la Comédie-Française en 1984. Tristan est présent dans trois anthologies de la Bibliothèque de la Pléiade, à partir de 1986, pour son œuvre dramatique, romanesque et poétique. Ses œuvres complètes sont publiées en 2002. Le Page disgracié est inscrit au programme de l'agrégation de lettres modernes en 2013.

Solitaire, indépendant — poète mélancolique, nostalgique et passionné des amours, de la nuit et du rêve — son œuvre la plus célèbre, Le Promenoir des deux amants, a été mise en musique par Debussy sous la forme de trois mélodies pour chant et piano, publiées sous le même titre en 1910.

La Légende de Novgorode

Blaise Cendrars, peint par Amedeo Modigliani en 1917.
Blaise Cendrars, peint par Amedeo Modigliani en 1917.

La Légende de Novgorode serait le premier poème de Blaise Cendrars, publié dans une traduction russe à Moscou en 1907.

Ce texte de jeunesse a longtemps été considéré comme perdu, voire comme n'ayant eu d'autre existence que dans l'imagination fertile de son auteur supposé, jusqu'à ce qu'en 1995 un exemplaire en soit découvert par hasard dans une bouquinerie bulgare. Ce premier poème révèlerait, entre autres choses, le secret de l'origine du pseudonyme littéraire que s'était choisi Frédéric Sauser. Mais son authenticité est douteuse.

Philétas

Le philosophe (IIIe siècle av. J.-C.) de l'épave d'Antikythera illustre le modèle employé par Hecataeus en son bronze de Philétas.
Le philosophe (IIIe siècle av. J.-C.) de l'épave d'Antikythera illustre le modèle employé par Hecataeus en son bronze de Philétas.

Philétas ou Philitas de Cos (vers -340 - vers -285) est un érudit et un poète du début de l'époque hellénistique de la Grèce antique. Habitant Alexandrie, il vécut dans la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. et fut nommé précepteur de l'héritier du trône de l’Égypte ptolémaïque. Il était mince et fragile ; Athénée le caricatura comme un érudit tellement plongé dans ses études qu'il en dépérit et en mourut.

Philétas fut le premier grand écrivain à la fois savant et poète. Sa réputation perdura pendant des siècles, sur la base de son étude pionnière des mots et de la métrique élégiaque. Sa liste de vocabulaire, Mélanges, décrit la signification des mots littéraires rares, y compris ceux qui avaient été utilisés par Homère. Sa poésie, notamment son poème élégiaque Déméter, était très respectée des poètes antiques. Toutefois, la plupart de ses œuvres ont été perdues.

Cædmon

Ce monument à la mémoire de Cædmon a été érigé dans le cimetière de l’église Sainte-Marie à Whitby en 1898.
Ce monument à la mémoire de Cædmon a été érigé dans le cimetière de l’église Sainte-Marie à Whitby en 1898.

Cædmon est un poète anglo-saxon de la deuxième moitié du VIIe siècle. C’est le plus ancien poète anglais de langue vernaculaire dont le nom soit connu. Son histoire est rapportée par le moine Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, une chronique rédigée quelques décennies plus tard. Simple serviteur à l’abbaye de Whitby du temps de l’abbesse Hilda (657-680), Cædmon aurait appris à composer des vers à la suite d’un rêve d’inspiration divine. Malgré son analphabétisme, il serait devenu par la suite un moine zélé et un poète chrétien prolifique.

Avec Bède et le roi Alfred le Grand, Cædmon fait partie des rares poètes anglo-saxons dont subsistent à la fois le nom, quelques éléments biographiques et une partie de l’œuvre. De son œuvre, pléthorique d’après Bède, ne reste que l’Hymne de Cædmon, une louange en neuf vers de Dieu le Créateur. Ce poème, l’un des plus anciens connus en vieil anglais, applique les techniques traditionnelles de la poésie épique germanique à des concepts chrétiens qui sont encore neufs pour les Anglo-Saxons. Les poèmes du manuscrit Junius ont longtemps été attribués à Cædmon, mais cette théorie est aujourd'hui abandonnée. Il reste malgré tout couramment considéré comme le « père de la poésie anglaise ».