Wikipédia:Sélection/Judaïsme

Juifs

Magen David - étoile de David
Magen David - étoile de David

Les juifs (Hébreu : יְהוּדִים, Yëhûdîm ; Yiddish : ייִדן, Yiden ; Ladino ג׳ודיוס, Djûdios) sont les adhérents au judaïsme. Ce sont aussi, avec une majuscule (Juifs), les membres du peuple juif ('am yëhûdî), également appelés enfants d'Israël.
Il existe en effet une distinction entre les deux définitions, la Halakha (loi religieuse orthodoxe) indiquant qu'on reste Juif (membre du peuple) même si on n'est plus juif (adhérent du judaïsme).

Ils forment un groupe dont la définition recoupe partiellement les catégorisations usuelles de groupe culturel, ethnique, national ou religieux. Ils se composent des descendants des anciens Israélites de Judée ainsi que des personnes converties au judaïsme au cours des siècles.

La définition que les Israélites puis les Juifs ont donné d'eux-mêmes a varié dans le temps. L'idée que les Juifs sont un peuple, le « peuple d'Israël », apparaît dès les premiers livres de la Bible, et a continué à être affirmée au cours des siècles. La définition religieuse a par contre évolué, l'archéologie décrivant des Israélites polythéistes aux périodes les plus anciennes. L'idée de « royaume d'Israël », qui date de la Bible, a également varié dans le temps, ayant été largement mise de côté par les autorités religieuses à compter du IIe siècle, avant d'être réintroduite par des laïques et quelques religieux sous la forme du sionisme au XIXe siècle. Enfin, des cultures juives très diversifiées dans l'espace et le temps ont encore complexifié l'approche de l'identité juive.

Le nombre total de Juifs est difficile à estimer avec précision, et fait l'objet de controverses. Selon un recensement effectué en 2002, il serait d'environ 13 millions, la majorité vivant en Amérique du Nord, en Europe et en Israël.

Haredim

Haredim dans la ville de Arad, Nord-Neguev, en Israël, juin 2006.
Haredim dans la ville de Arad, Nord-Neguev, en Israël, juin 2006.

Les haredim, ou ultra-orthodoxes, ou Craignant-Dieu, sont des Juifs orthodoxes ayant une pratique religieuse particulièrement forte. En l’absence de toute autorité centralisée dans le Judaïsme, ils ont développé un certain nombre de courants, comme le hassidisme, chacun de ces courants interprétant les principes qui leurs sont communs avec quelques variantes.

Depuis la fin du XIXe siècle, ils rejettent partiellement la « modernité » occidentale, que ce soit dans le domaine des mœurs ou des idéologies. Du fait de leur méfiance vis-à-vis des innovations sociales, les haredim vivent généralement en marge des sociétés laïques environnantes, même juives, dans leurs quartiers et sous la direction de leurs rabbins, seule source de pouvoir pleinement légitime à leurs yeux. C’est aussi le plus important groupe juif actuel affichant ses réticences face au sionisme, et même parfois son hostilité.

Histoire des Juifs à Salonique

La ville de Thessalonique, anciennement Salonique, a abrité jusqu'à la Seconde Guerre mondiale une très importante communauté juive d'origine sépharade. C'est le seul exemple connu d'une ville de diaspora de cette taille ayant conservé une majorité juive pendant plusieurs siècles. Arrivés pour la plupart suite à l'expulsion des Juifs d'Espagne de 1492, les Juifs sont indissociablement liés à l'histoire de Thessalonique et le rayonnement de cette communauté tant au plan culturel qu'économique s'est fait sentir sur tout le monde sépharade. La communauté a connu un âge d'or au XVIe siècle puis un déclin relatif jusqu'au milieu du XIXe siècle, époque à partir de laquelle elle a entrepris une importante modernisation tant économique que cultuelle. L'histoire des Juifs à Salonique a ensuite pris un cours tragique suite à l'application de la Solution finale par le régime nazi qui s'est traduite par l'élimination physique de l'immense majorité des membres de la communauté.

Synagogue

Vitrail de la synagogue Sixth and I], Washington D.C.
Vitrail de la synagogue Sixth and I], Washington D.C.

Une synagogue (du grec Συναγωγή Sunagôgê, « assemblée » adapté de l'hébreu בית כנסת, Beit Knesset, « maison de l'assemblée ») est un lieu de culte juif.

L'origine de la synagogue, c'est-à-dire d'un lieu de rassemblement des fidèles dissocié de l'ancien rituel de l'autel du Temple, remonte peut-être aux prophètes et à leurs disciples ; mais la synagogue en tant qu'institution caractéristique du judaïsme naquit avec l'œuvre d'Ezra. Elle y a depuis pris une telle importance que « la Synagogue » en vient à désigner figurativement le système du judaïsme, par opposition à « l'Église ».

Les synagogues possèdent habituellement un sanctuaire, c'est-à-dire un grand hall de prière, dans lequel sont contenus les Livres de la Torah. Elles peuvent aussi comporter une salle pour les événements communautaires. Cependant, elles contiennent surtout des petites pièces réservées à l'étude, voire un Beit midrash (« maison d'étude ») : c'est que, bien qu'initialement destinée au culte, la synagogue devient au cours de l'histoire juive le lieu du Talmud Torah, c'est-à-dire l'enseignement de la tradition et de la langue hébraïque, que ce soit pour les enfants ou les adultes. La prépondérance de ce rôle est telle que Philon d'Alexandrie, puis les Juifs de Venise et ceux des pays ashkénazes parlant le yiddish désignaient les synagogues du nom de « didaskaleia », « scuola » ou « שול » (shoul, cf. all. Schule), c'est-à-dire « école ». Ce nom est toujours utilisé pour désigner les synagogues de manière informelle, surtout dans les milieux ashkénazes.

Célébrations dans le judaïsme

Photo représentant divers accessoires pour les temps fixés du judaïsme disposés sur une table : les chandeliers de chabbat, le keli (à l'arrière-plan), le Houmash, le Tanakh, le pointeur de lecture, le chofar et la boîte pour etrog.
Divers accessoires pour les temps fixés du judaïsme (dans le sens des aiguilles : les chandeliers de chabbat, le keli (à l'arrière-plan), le Houmash, le Tanakh, le pointeur de lecture, le chofar et la boîte pour etrog).

Les célébrations et commémorations juives (hébreu : חגי ישראל ומועדיו ’haggei Israël oumoadav, « les fêtes d’Israël et ses temps fixés ») occupent environ 150 jours dans l’année juive.

Tandis que les haggim (hébreu : חגים « fêtes », « festivals » ou « pèlerinages ») désignent principalement, dans la Bible, les trois temps de pèlerinage au sanctuaire, les moadim (hébreu : מועדים « temps fixés ») sont, de manière plus générale, les temps fixés à n’importe quelle époque par une autorité temporelle ou spirituelle pour observer divers rites et coutumes de joie ou de jeûne. Ils peuvent être d’origine religieuse, nationale, civile ou communautaire, étant universellement observés par l’ensemble des courants juifs dans le premier cas et par certains seulement dans les autres.

Ces temps fixés rythment la vie du juif pratiquant et marquent de leur empreinte la culture juive, même profane, notamment dans ses expressions et dans sa tradition culinaire. Ils ont pour la plupart été institués en célébrations ou commémorations officielles de l’état d’Israël, outre les jours récemment instaurés.

La Nuit (Wiesel)

Elie Wiesel à Buchenwald, seconde rangée, septième à partir de la gauche, 16 avril 1945
Elie Wiesel à Buchenwald, seconde rangée, septième à partir de la gauche, 16 avril 1945

La Nuit est un récit d'Elie Wiesel fondé sur son expérience lorsque, jeune juif orthodoxe, il fut déporté avec sa famille dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, puis dans le camp de concentration de Buchenwald, dont il fut libéré le 11 avril 1945, à l'âge de 16 ans.

La Nuit est le premier volume d'une trilogieLa Nuit, L'Aube, et Le Jour – reflétant l'état d'esprit de l'auteur pendant et après la Shoah. Les titres marquent sa transition de l'obscurité à la lumière, selon la tradition juive de compter le début d'un nouveau jour à partir du crépuscule, en suivant Gen 1:5 : « Il y eut un soir et il y eut un matin : jour un. » « Dans La Nuit », dit Elie Wiesel, « je souhaitais montrer la fin, la finalité de l'événement. Tout tendait vers une fin – l'homme, l'histoire, la littérature, la religion, Dieu. Il ne restait rien. Pourtant, nous recommençons avec la nuit ».

Histoire des Juifs en Allemagne

Juifs allemands au XIIe siècle.
Juifs allemands au XIIe siècle.

L’histoire des Juifs en Allemagne est emblématique de l'histoire des Juifs en Europe occidentale, entre antijudaïsme, intégration liée à l'universalisme des Lumières et antisémitisme moderne.

Arrivée dans les régions rhénanes au temps de l'Empire romain, la communauté juive a prospéré jusqu'à la fin du XIe siècle. À partir de la première croisade, elle traverse une longue période de tourments ponctuée de massacres, d'accusations de crimes rituels, d'extorsions diverses et d'expulsions. Sa condition juridique se dégrade. La plupart des métiers sont interdits aux Juifs. Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières, comme Moses Mendelssohn s'émeuvent de leur condition misérable. Mais le chemin qui mène à leur émancipation est long et dure près d'un siècle. Il s'accompagne de l'intégration des Juifs à la société. Leur réussite économique et intellectuelle suscite des jalousies malgré un début d'assimilation. L'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933 met les Juifs au ban de la société allemande. Aux persécutions succède la déportation puis l'anéantissement pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, la communauté juive se reconstruit lentement. Le gouvernement fédéral entoure la communauté juive de tous ses soins.

Histoire des Juifs en Italie

Gia Vico dei Giudei ; Ghetto degli Ebrei - Traces de la présence juive à Cagliari.
Gia Vico dei Giudei ; Ghetto degli Ebrei - Traces de la présence juive à Cagliari.

L’histoire des Juifs en Italie, la plus ancienne communauté juive d'Europe occidentale, remonterait à la révolte des Maccabées. Leur présence devient significative en 63 avant notre ère et ils prospèrent sous l'Empire romain, en dépit de quelques heurts liés à l'attachement des Juifs à leur foi ancestrale et cela, malgré la possible assimilation par les Romains des chrétiens à des Juifs révolutionnaires, jusqu'à l'établissement de l'Empire chrétien.

La conversion des autorités au christianisme au IVe siècle rend le statut des Juifs plus précaire. Cependant, l'absence d'autorité centrale du Ve au XIXe siècle leur permet de demeurer dans la péninsule et les protège des expulsions. L'Italie accueille même les Juifs en provenance des terres espagnoles après 1492. Toutefois, c'est à Venise, en 1516, qu'est créé le premier ghetto. D'autres sont instaurés par les autorités pontificales à Rome et dans d'autres villes au cours du XVIe siècle.

L'égalité des droits est proclamée par le Statut albertin et confirmée par le royaume d'Italie dans la période 1848-1870. Cette loi est accueillie avec joie par les Juifs italiens, fiers de leur ancienneté dans le nouveau royaume. L'Italie est probablement le premier État européen à avoir un chef de gouvernement juif, Luigi Luzzatti, en 1910. Cet état des choses est remis en cause à mesure de l'influence grandissante du modèle hitlérien sur le fascisme italien. L'occupation allemande de l'Italie durant la Seconde Guerre mondiale entraîne la déportation vers les camps de la mort allemands de 9 000 des 50 000 Juifs italiens. Il n'y a que peu de survivants, parmi lesquels Primo Levi.

Après la guerre, l'Italie accueille de nombreux Juifs de Libye, d'Iran et, en moindre part, d'Europe orientale. La communauté juive italienne compte actuellement 28 500 personnes, principalement à Rome et Milan.

Accusation de crime rituel contre les Juifs de Rhodes

La communauté juive de Rhodes dans l’ensemble ottoman.
La communauté juive de Rhodes dans l’ensemble ottoman.

Une accusation de crime rituel contre les Juifs de Rhodes voit le jour, en 1840, dans cette île du Dodécanèse alors sous domination ottomane, suite à la disparition d’un enfant chrétien. La population grecque orthodoxe de Rhodes accuse la communauté juive de pratiquer le crime rituel, une allégation antisémite ancrée dans la tradition chrétienne.

Au début de l’affaire, l’accusation portée contre les Juifs est reconnue par les consuls de plusieurs pays d’Europe, dont le Royaume-Uni, la France, l’Empire d’Autriche, la Suède et la Grèce, même si plus tard, sous la pression de leur diplomatie, certains changent d’avis pour soutenir la communauté. Le gouverneur ottoman de Rhodes rompt avec la longue tradition des gouvernements précédents consistant à rejeter l’existence des meurtres rituels, et confirme l’accusation. Il fait arrêter plusieurs suspects juifs, dont certains sont torturés et produisent de faux aveux. L’affaire entraîne la fermeture de la totalité du quartier juif pendant douze jours.

Les Juifs de Rhodes lancent des appels à l’aide à leurs coreligionnaires d’Istanbul. Ces derniers font part des détails de l’affaire ainsi que de celle de nature similaire impliquant les Juifs de Damas aux communautés européennes. Au Royaume-Uni et en Autriche, les communautés juives relaient avec succès la cause des Juifs de Rhodes auprès de leurs gouvernements. Ces derniers envoient des protestations officielles à leurs ambassadeurs à Constantinople, condamnant de façon très claire l’accusation de crime rituel. Un consensus est obtenu pour déclarer les accusations infondées. Le gouverneur de l’île de Rhodes, se montrant incapable de contrôler certains de ses administrés chrétiens fanatisés, renvoie l’affaire au gouvernement central, qui entame une enquête officielle. En juillet 1840, l’enquête conclut à l’innocence de la communauté juive. Enfin, en novembre de la même année, le sultan Abdülmecit Ier promulgue un firman (décret) dénonçant la nature calomnieuse de l’accusation de crime rituel.

Falashas

Un jeune Falash Mura

Les Falashas (en hébreu פלאשים), ou Beta Israel (en hébreu ביתא ישראל), ou Bétä Esraél sont les Juifs d’Éthiopie.

Falasha signifie en amharique, « exilé » ou « immigrés ». Rarement utilisé par les Juifs d’Éthiopie, qui emploient plutôt Beta Israel (la « maison d’Israël », au sens de la « famille d’Israël »), il est généralement considéré comme dépréciateur. Depuis l’immigration en Israël, le terme Beta Israel tend à être remplacé, en Israël et au sein de la communauté elle-même, par « Juifs d’Éthiopie ». On trouve aussi, selon les régions d’Éthiopie, les termes Kayla (d’étymologie toujours discutée) et esra’elawi (israélite).

Les Beta Israel ont une origine mal définie. Ils ont vécu pendant des siècles dans le Nord de l’Éthiopie, en particulier les provinces du Gondar et du Tigré. Après avoir bénéficié de petits États indépendants jusqu’au XVIIe siècle, ils ont été conquis par l’empire d’Éthiopie, et sont devenus une minorité marginalisée, à laquelle il était interdit de posséder des terres, et accusée d’avoir le « mauvais œil ».

Histoire des Juifs en Libye

Deux femmes juives de Tripoli en habit traditionnel en 1914.
Deux femmes juives de Tripoli en habit traditionnel en 1914.

L'histoire des Juifs en Libye, la plus petite communauté juive des pays d'Afrique du Nord, remonterait au IIIe siècle avant l'ère commune, lorsque la Cyrénaïque est colonisée par les Grecs.

La conquête musulmane de l'Afrique du Nord fait entrer la Cyrénaïque et la Tripolitaine dans l'aire de civilisation arabo-islamique, et marque durablement l'identité des communautés juives locales, dont le statut est désormais régi par la dhimma. Peu de traces de la communauté juive au Moyen Âge nous sont parvenues. En 1551, la côte libyenne est conquise par l'Empire ottoman, et la dynastie des Karamanli, largement autonome, gouverne le pays. Le rabbin marocain Shimon Ibn Lavi, descendant de Juifs expulsés d'Espagne, revivifie spirituellement la communauté et établit de nombreuses coutumes, encore suivies de nos jours.

Le statut des Juifs s'améliore en 1835, lorsque le pouvoir central ottoman reprend le contrôle direct de la région, et supprime progressivement les mesures discriminatoires touchant les Juifs.

La conquête italienne de la Libye, en 1911, a une grande influence sur la communauté, tant sur le plan culturel qu'économique, en dépit de sa brièveté. L'italien devient langue de communication chez les Juifs, et leurs activités commerciales prospèrent. Leur situation se dégrade cependant à la fin des années 1930 avec la montée du fascisme en Italie et son alliance avec le Reich allemand.

Après guerre, le réveil du nationalisme arabe et les soubresauts du conflit israélo-arabe ont raison d'une présence juive pluri-millénaire. Un pogrom fait plus de cent morts à Tripoli en 1945, alors que le pays est sous administration britannique. Plus de 32 000 Juifs émigrent entre 1949 et 1951, suite à la fondation de l'État d'Israël. En 1967, la guerre des Six Jours sonne le glas du reste de la communauté juive, évacuée d'urgence en Italie devant la fureur des foules. Lors de la prise de pouvoir par le colonel Kadhafi, en 1969, il reste moins de 600 Juifs en Libye. Le nouveau régime s'attache non seulement à les faire partir, mais aussi à effacer toute trace de la présence juive, rasant les cimetières et convertissant les synagogues en mosquées.

La diaspora juive de Libye est actuellement répartie entre Israël et l'Italie, où elle tente de préserver une identité communautaire propre.

Affaire Dreyfus

Au milieu d'une cérémonie militaire, Alfred Dreyfus se tient droit en uniforme vierge de tout insigne. Ses insignes et son fourreau sont à ses pieds, et en face de lui, un adjudant est en train de casser son sabre en deux sur son genou.
La dégradation d’Alfred Dreyfus, le 5 janvier 1895. Dessin d'Henri Meyer en couverture du Petit Journal du 13 janvier 1895, légendé « Le traître ».

L'affaire Dreyfus est un conflit social et politique majeur de la Troisième République survenu à la fin du XIXe siècle, autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus qui a finalement été innocenté. Elle a bouleversé la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés, les « dreyfusards » partisans de l'innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards » partisans de sa culpabilité.

La condamnation fin 1894 du capitaine Dreyfus — pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l'Empire allemand — était une erreur voire un complot judiciaire sur fond d'espionnage, dans un contexte social particulièrement propice à l'antisémitisme et à la haine de l'Empire allemand à la suite de son annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine en 1871. L'affaire rencontra au départ un écho limité, avant qu'en 1898 l'acquittement du véritable coupable et la publication d'un pamphlet dreyfusard par Émile Zola, J'accuse…! ne provoquent une succession de crises politiques et sociales. À son paroxysme en 1899, l'affaire révéla les clivages de la France de la Troisième République, où l'opposition entre les camps dreyfusard et antidreyfusard suscita de très violentes polémiques nationalistes et antisémites, diffusées par une presse influente. Elle s'acheva en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui innocenta et réhabilita définitivement Dreyfus.

Cette affaire est souvent considérée comme le symbole moderne et universel de l'iniquité au nom de la raison d'État, et reste l'un des exemples les plus marquants d'une erreur judiciaire difficilement réparée, avec un rôle majeur joué par la presse et l'opinion publique.

African Hebrew Israelites of Jerusalem

Un enfant de la communauté, à Dimona, en septembre 2005.
Un enfant de la communauté, à Dimona, en septembre 2005.

Les African Hebrew Israelites of Jerusalem (hébreu : כושים עבריים), ou African Hebrew Israelite Nation of Jerusalem ou Original Hebrew Israelite Nation, ou Kingdom of Yah (Royaume de Dieu), souvent connus abusivement sous le nom plus générique de Black hebrews (hébreux noirs) sont une communauté religieuse d'origine afro-américaine, dont le principal centre est à Dimona, au sud d'Israël dans le désert du Neguev.

Créée dans les années 1960 par un ouvrier métallurgiste de Chicago, Ben Carter, l'organisation s'intègre dans un ensemble de mouvements américains apparus à la fin du XIXe siècle et collectivement qualifiés de Black Hebrews (hébreux noirs) ou de Black Hebrews Israelites. Ces mouvements considèrent tous que les noirs actuels descendent des anciens Israélites de la Bible, et rejettent le christianisme au profit d'une religion basée sur l'Ancien Testament, et plus ou moins proche du judaïsme traditionnel selon les groupes. La majorité des organisations Black Hebrews peuvent être considérées comme adhérant à l'idéologie dite du Nationalisme noir. En plus de ces idées, communes aux autres groupes, l'Original Hebrew Israelite Nation a des croyances et des pratiques spécifiques, comme l'émigration vers Israël, un régime alimentaire végétalien, et l'autorisation de la polygamie.

Histoire des Juifs en Inde

Carte des communautés indiennes avant leur immigration.
Carte des communautés indiennes avant leur immigration.

L'histoire des Juifs en Inde recouvre celle de trois communautés juives historiques totalisant 6 000 membres (1997), chacune dans une aire géographique très déterminée : la communauté de Cochin dans le sud du sous-continent, les Bene Israël dans les environs de Bombay et la communauté Baghdadi (« ceux de Bagdad ») aux alentours de Calcutta et de Bombay. La communauté de Cochin est elle-même divisée en deux groupes : les « Juifs noirs », plus anciens, et les « Juifs blancs », d'origine plus récente.

Les Juifs noirs de Cochin et les Bene Israël sont les deux communautés les plus anciennes, et bien que les documents sur leur histoire soient très ténus, leur installation sur la côte ouest de l'Inde en suivant les routes commerciales depuis le Moyen-Orient remonte probablement au Ier millénaire de l'ère chrétienne. Au cours de leur histoire et jusqu'au XVIIIe siècle, ces deux communautés sont restées séparées, sans contact l'une avec l'autre. Les contacts avec le reste du monde juif furent également ténus, plus encore pour les Bene Israël de Bombay que pour les Juifs de Cochin, qui conservèrent quelques liens avec l'extérieur. Les Juifs blancs de Cochin et les Juifs Baghdadi ont une origine plus récente, liée à l'expansion occidentale dans la région : XVIe et XVIIe siècles pour les « Juifs blancs » de Cochin, d'origine moyen-orientale et européenne, et début du XIXe siècle pour les Baghdadi, d'origine moyen-orientale. Ces deux groupes conservèrent toujours d'importants contacts avec le reste du monde juif.

Le caractère non prosélyte de la mentalité traditionnelle indienne a permis une structuration de ces communautés en castes endogames, sans persécution manifeste. L'indianisation des cultures et des apparences physiques est corrélée avec l'ancienneté des communautés et leur isolement : très forte pour les Juifs noirs de Cochin et les Bene Israël de Bombay, partielle pour les Juifs blancs de Cochin (qui ont cependant adopté la langue locale) et très faible pour les Baghdadi, partagés entre une culture d'origine moyen-orientale et une anglicisation devenue très forte au cours du XIXe siècle. L'influence indienne peut se lire dans la forte réticence des différents groupes juifs indiens à se marier entre eux, l'endogamie, conformément à la règle indienne régissant les jāti, restant la règle.

L'irruption de la colonisation occidentale dans la région, d'abord portugaise et néerlandaise, puis britannique, a entrainé des mouvements de population (en particulier l'arrivée des « Juifs blancs » de Cochin et des Baghdadi). Elle a entrainé également des interactions croissantes avec les pouvoirs coloniaux, particulièrement avec le raj britannique. Il en est découlé une occidentalisation parfois très forte, ainsi qu'une révolution considérable dans les modes de vie des communautés. Après l'indépendance de l'Inde (en 1947) et celle d'Israël (en 1948), et malgré l'absence de tensions spécifiques avec le nouvel État indépendant (sauf au Pakistan), la majorité des Juifs des Indes ont émigré vers Israël dans les années 1950 et 1960.

Outre les membres Juifs des divers corps diplomatiques, il existe également deux autres groupes se réclamant aujourd'hui du Judaïsme : les Bnei Menashe, de langue Mizo, vivant à Manipur et dans le Mizoram. Ils se sont proclamés juifs dans les années 1950, et disent descendre de la tribu de Manassé. Les Bene Ephraïm (ou Juifs Telugu), sont un petit groupe parlant le Telugu, dont l'observance du judaïsme date de 1981.

Histoire des Juifs en Tunisie

Un couple de Juifs tunisiens au début du XXe siècle.
Un couple de Juifs tunisiens au début du XXe siècle.

L'histoire des Juifs en Tunisie s'étend sur près de deux mille ans.

Attestée au IIe siècle mais sans doute plus ancienne, la communauté juive en Tunisie croît à la suite de vagues d'immigration successives et d'un prosélytisme important avant que son développement ne soit freiné par les mesures anti-juives à l'époque byzantine.

Après la conquête musulmane de la Tunisie, le judaïsme tunisien passe de périodes de relative liberté voire d'apogée culturelle à des temps de discrimination plus marquée. L'arrivée sur son sol de Juifs expulsés de la péninsule Ibérique modifie considérablement son visage. Sa situation économique, sociale et culturelle s'améliore fortement à l'avènement du protectorat français avant d'être compromise durant la Seconde Guerre mondiale, avec l'occupation du pays par l'Axe. L'indépendance d'Israël en 1948 suscite une réaction antisioniste généralisée du monde arabe sur laquelle se greffent l'agitation nationaliste, la nationalisation d'entreprises, l'arabisation de l'enseignement et d'une partie de l'administration. Les Juifs quittent la Tunisie en masse à partir des années 1950, suite aux problèmes évoqués et au climat hostile engendré par la crise de Bizerte en 1961 et la guerre des Six Jours en 1967. La population juive de Tunisie, estimée à environ 100 000 individus en 1948, n'est plus que de 1 500 individus en 2003, soit moins de 0,1 % de la population totale. Ces Juifs vivent principalement à Tunis, avec des communautés présentes à Djerba, Sfax, Sousse et Nabeul.

La diaspora juive de Tunisie est répartie entre Israël et la France où elle a préservé son identité communautaire, au travers de ses traditions, majoritairement tributaires du judaïsme séfarade mais conservant ses spécificités propres. Le judaïsme djerbien en particulier, considéré comme plus fidèle à la tradition car resté hors de la sphère d'influence des courants modernistes, joue un rôle dominant.

Histoire des Juifs en France

L’histoire des Juifs en France, l’une des plus anciennes communautés juives d’Europe occidentale, semble remonter au Ier siècle de l’ère commune et se poursuit jusqu’à nos jours.

Arrivés en Gaule peu après sa conquête par l’Empire romain, les Juifs s’y maintiennent sous les Mérovingiens, et connaissent une période de prospérité sous les Carolingiens. Au XIe siècle, la France devient un pôle florissant de la culture juive, abritant, au nord, les communautés ashkénazes, parmi lesquelles fleurit l’école de Rachi et de ses continuateurs, et, au sud, les Juifs de Provence et du Languedoc. La situation se détériore fortement après les Croisades, auxquelles font suite les procès du Talmud, et les expulsions, temporaires puis définitives. Un millénaire après leur établissement, il ne reste plus de Juifs que dans les états papaux.

Environ un siècle après l’expulsion des Juifs de la péninsule ibérique, des crypto-Juifs originaires du Portugal s’installent à Bordeaux et Bayonne. Au XVIIe siècle, les Juifs d’Alsace et de Lorraine se retrouvent eux aussi sous la juridiction de la France, suite aux traités de Westphalie.

Les Juifs de France sont les premiers à jouir de l’émancipation que la France leur accorde au début de la Révolution française, tant dans la métropole que dans les colonies. Cependant, au « franco-judaïsme » s’inscrivant dans le cadre de la laïcité en France, répond un « antisémitisme à la française », qui s’exacerbe notamment lors de l’affaire Dreyfus, et sous le régime de Vichy. Brutalement isolés du reste de la population et poursuivis avec un zèle particulier par la Milice, 75 000 Juifs meurent au cours de l’Occupation, parmi lesquels de nombreux réfugiés d’Europe de l’Est ou d’Allemagne.

La France demeure cependant le choix naturel pour nombre de Juifs contraints de quitter l’Égypte et l’Afrique du Nord dans les années 1950 et 1960. La communauté juive de France, jusqu’alors essentiellement ashkénaze et assimilée, devient majoritairement séfarade et attachée aux traditions. Elle est, de nos jours, la plus importante d’Europe, et comprend 483 500 personnes, qui habitent principalement Paris, Marseille, Lyon, Nice, Toulouse et Strasbourg. Toutes les tendances « religieuses » s’y rencontrent, depuis les Juifs ultra-orthodoxes jusqu’aux Juifs assimilés.

Synagogue de Besançon

Vue générale de l’édifice.
Vue générale de l’édifice.

La synagogue de Besançon (hébreu : בית הכנסת הגדול בזאנסון, Beit ha knesset hagadol bezanson, yiddish : שול פון בעזאנסאן), plus rarement dénommée temple israélite de Besançon, est le principal lieu de culte juif de la ville de Besançon (Bourgogne-Franche-Comté), situé au 27 quai de Strasbourg, dans le quartier de Battant. Elle succède à une ancienne synagogue devenue trop vétuste et surtout trop étroite pour accueillir l'ensemble de la communauté, qui était en pleine croissance dans les années 1860. La construction dure de 1869 à 1871, dirigée par l'architecte franc-comtois Pierre Marnotte qui fait naître un chef-d’œuvre de style mauresque. Elle est le principal site de réunion des Juifs de la ville. Malgré de lourdes menaces durant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande, le bâtiment n'a connu aucun changement significatif quant à son affectation et son architecture.

Le plan, les décors et le mobilier font de cet édifice l'un des plus originaux de la ville. Outre son style atypique, on note la présence remarquable de minarets, de vitraux, d'une sculpture des tables de la Loi, d'un orgue, ainsi que d'une arche sainte (ou heikhal), particuliers dans leur raffinement ou leur réalisation. La synagogue est toujours active, et ouverte au public notamment lors des journées européennes du patrimoine. Le service religieux maintient les traditions du rite séfarade, bien qu'hommes et femmes ne soient plus séparés. Les offices traditionnels n'attirent cependant pas plus de trente fidèles, et les grandes fêtes comme la Pâque et le Nouvel an moins d'une centaine, alors que la synagogue peut accueillir deux cent seize fidèles. L'édifice constitue le siège du consistoire de Besançon. Les personnalités juives de la ville ont toutes été liées à la synagogue, non seulement les rabbins tels Paul Haguenauer, mort en déportation, ou René Gutman, mais aussi les Veil-Picard et les autres grandes familles juives de la ville. Avec le cimetière israélite, la synagogue témoigne de l'importance de la communauté juive bisontine.